J’ai vu… « Girls Only », juste reflet d’une génération « adulescente »

 

Hello mes petits « enfants perdus » !

 

Je ne sais plus si je vous ais déjà parlé de mon Syndrome de Peter Pan ? [ j’ai la mémoire qui flanche ♪ ]. Pour vous résumer le concept en deux mots, c’est assez simple : le jour de mes 15 ans, j’ai décidé tout bonnement de rester bloquée à cet âge-là toute ma vie. Et c’est la seule bonne résolution à laquelle je me sois accrochée comme une moule à son rocher pendant toutes ces années. Déjà 12 ans que nous marchons main dans la main [ que c’est beau ♥ ] et j’espère que ce n’est pas prêt de s’arrêter (oui, j’ai désormais 27 ans et merci d’avoir l’élégance de ne pas me l’envoyer en pleine face ;)). Il suffit de s’arrêter deux petites secondes sur le nom de mon blog pour comprendre que ce fameux Syndrome est devenu depuis le temps bien plus qu’on compagnon : un véritable art de vivre.

 

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Plus j’approche de l’horrible zone rouge de la trentaine (!) et mieux je me sens dans mon combo « jean-tshirt-baskets ». Les rares fois où je me retrouve affublée d’un tailleur ou d’une robe de soirée, j’ai l’impression d’être déguisée. Non pas que je ne sois pas féminine, loin s’en faut. Mais dès lors qu’il s’agit d’assumer ladite féminité, je rêve de pouvoir revêtir sans sourciller ma cape d’invisibilité… Est-il utile de parler des histoires d’amour [qui finissent mal en général ♪] quand on se prend pour la réincarnation de Peter Pan ? Dès qu’un homme de plus de 35 ans tente une approche, je ne peux pas m’empêcher de me récrier que je ne peux pas être attirée par un « vieux » (et ce n’est pas une façon de parler : je ne peux vraiment pas). Suis-je pour autant immature et puérile ? Là encore, certainement pas. C’est sans doute à mon absence de crise d’adolescence et à mon incroyable percée précoce dans le monde responsable des adultes que l’on doit ma passion soudaine pour arrêter la folle course du temps.

 

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Car on a beau savoir qu’on y coupera pas, quelqu’un peut-il me dire ce qu’on gagne à vieillir ? En vieillissant, tous les gens qu’on aime finissent naturellement par nous quitter et il faut l’accepter car cela fait « partie » de la vie. Non merci, ce programme ne me tente pas. On nous demande aussi (et surtout ?) de rentrer dans des cases et d’éviter de faire des vagues, si possible. A l’approche de la trentaine, on doit avoir une « situation ». Il faut s’être trouvé professionnellement, avoir quelqu’un dans sa vie qui n’ait pas envie de vomir à l’idée de passer le restant de ses jours à vos côtés [ dans le meilleur des cas ]. Si en plus vous êtes proprio, qu’on vous a passé la bague au doigt et que vous avez un polichinelle dans le tiroir, vous êtes à deux doigts de décrocher la palme d’or du « comportement sociétal approprié ». Si, comme moi, vous ne rentrez dans aucune de ces cases étroites, vous êtes une paria une paumée toute désignée pour le reste de l’humanité. Mais voyez le bon côté des choses : il faut toujours quelqu’un qui dénote dans la foule.

 

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Alors que la majorité de mes amis se marient, décident de participer à l’augmentation du taux de fécondité français et se font construire de jolies maisons en Province, il y aura toujours la nana un peu en marge qui mange trop de gâteau, qui boit un peu trop de champagne à leur mariage et qui frôle la crise d’apoplexie quand on lui demande quand est-ce qu’elle compte s’y mettre et faire comme tout le monde [ AU SECOURS ]. Celle qu’on adore (enfin, espérons !) mais qu’on ne sait vraiment pas comment présenter à belle maman puisqu’à 30 ans, elle vient tout juste d’emménager dans son premier studio et ne s’est pas encore trouvée (ni professionnellement, ni sur aucun autre plan d’ailleurs !). Après tout, si nous donnons aux autres l’illusion d’avoir réussi leur vie, pourquoi pas ? [ minute BA ].

 

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Cette longueeee introduction pour vous parler du film que j’ai été voir hier au cinéma [ AH BA QUAND MÊME ! ] et qui ne pouvait que me parler. « Girls Only » (« Laggies en VO, traduisez par « larguée », « en marge »… ;)) nous raconte la vie de Megan, jeune trentenaire définitivement à contre courant de son époque… Un peu comme moi quoi ! (et peut-être comme toi aussi ?). Une comédie romantique fraîche et dans l’air du temps qui devrait parler à un paquet de monde… Pourquoi ? Car je ne pense pas être la seule à être « larguée »… ;))

 

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« Girls Only »…
Se plonger dans l’histoire

 

A l’aube de ses 30 ans, on ne peut pas dire que Megan soit vraiment fixée sur son avenir. Coincée à l’époque de son bal de fin d’études dont elle n’est jamais vraiment sortie, elle n’a pas trouvé sa voie et se contente d’agiter une affiche faisant de la pub pour l’entreprise de son père au bord de la route. Avec son groupe d’amies déjà bien installées dans leurs vies (mariage, bébé, carrière et tout le toutim…), le décalage se creuse de jour en jour. Lorsque son petit ami, immuable depuis le lycée, la demande en mariage à un mariage (!), elle en vomirait presque le banquet dont elle vient de se régaler. En plein cauchemar, fuyant ses responsabilités, Megan prétend partir une semaine à un stage de développement personnel et court se réfugier chez Annika, une adolescente de 16 ans qu’elle vient à peine de rencontrer et qui vit seule avec son père depuis que la mère a quitté le domicile conjugal. L’occasion parfaite pour celle qui ne sait pas trop où elle en est ni où elle va de se refaire une seconde adolescence en partageant le quotidien (pas toujours) insouciant d’Annika et de sa bande de copains… Si cette folle semaine va permettre à Megan de revivre une partie de sa jeunesse, elle va surtout lui permettre de nouer une amitié aussi folle que touchante avec cette jeune fille qui a pourtant la moitié de son âge.

 

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« Girls Only »…
Je me lance ou pas ?

 

Autant l’avouer tout de suite : en me rendant au cinéma, j’étais déjà à moitié conquise. La faute à un effet de mimétisme : parlez à quelqu’un de quelque chose qu’il connaît très bien et il se sentira bien sûr immédiatement concerné ! En plus, les acteurs à l’affiche me faisaient déjà saliver. J’aime Keira Knightley d’amour depuis des lustres et ce n’est pas son rôle dans « Orgueil et Préjugés » (que je regarde à peu près une fois par mois pour vous donner une idée) qui m’aura fait changer d’avis. Je n’y peux rien, je trouve que cette fille a l’air cool. Le genre vraiment cool quoi, la copine avec laquelle on se ferait sans problème une après-midi shopping. Vous voyez ? Voir son nom sur l’affiche influençait donc déjà grandement mon choix. Mais lorsque j’ai vu qu’elle était en plus accompagnée de Chloé Grace Moretz que j’adore aussi, je me suis dit qu’il fallait être carrément timbrée pour passer à côté de ce casting de folie. Je me suis donc rendue au ciné en toute confiance, persuadée dans un premier temps de passer un moment de pur détente devant un film 100 % girly (ôtez-moi d’un doute, ce film s’appelle bien « Girls Only » non ?! Quelle idée d’ailleurs… Il suffit d’ailleurs de voir l’affiche française et l’affiche américaine pour comprendre que nous avons tout de même un léger problème en France).

 

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La vérité est plus complexe. J’ai trouvé que derrière son apparente banalité, ce film évoquait un vrai sujet de société : se trouver, trouver sa vocation, ce qui fait qu’on apportera sa petite pierre à l’édifice du monde. En bref, trouver SA place. Vaste programme… Comme chacun sait, on est pas tous égaux face à la galère. Sans trop savoir pourquoi, quelques-uns naissent avec 18 dons et une ligne de vie déjà toute tracée vers le bonheur, sans zig zag ni virage. Tout semble simple et ce n’est pas une critique : il en faut pour rappeler au commun des mortels que c’est possible, que parfois, tout se passe bien, tout en simplicité. Mais il y a aussi les autres. Ceux pour qui trouver sa voie est un véritable casse-tête chinois. Megan fait partie de ceux-là à un point tel qu’elle est en décalage total avec le reste du monde ! Elle observe, totalement effarée, ses amis prendre des chemins qui ne l’attirent pas le moins du monde. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes si ces derniers ne la jugeaient pas sans vergogne et se contentaient d’accepter son originalité.

 

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Mais là où le bas blesse, c’est qu’au-delà d’être tristement conventionnels, ses « camarades du passé » qui la lient à tant de bons souvenirs sont surtout très cons (si si). Si c’est ça devenir adulte, être pince-sans-rire, ne plus rire de rien, perdre le sens de l’humour le plus élémentaire, alors Megan se dit qu’elle ne rate vraiment rien. Et si vous voulez mon avis, elle n’a pas tort… Tous ont choisi une vie sans saveur (mais qui les contente : c’est déjà l’essentiel) mais se permettent d’être méprisants envers leur amie, comme s’il n’existait qu’une seule voie, qu’une seule façon d’être heureux (avec une corde autour du cou et des mômes qui courent autour de vous de préférence !). Chacun sa manière de rêver sa vie comme on dit… Sur cette base, certaines scènes sont particulièrement savoureuses et désopilantes, à l’image du mariage kitsch à souhait et de l’ouverture de bal ridicule de la meilleure amie de l’héroïne : qu’est-ce-que j’ai ri ! Totalement paumée dans cet univers qui ne lui ressemble pas mais vers lequel on ne cesse de la pousser, Megan se recroqueville dans un passé qui la rassure, à un moment de sa vie où elle n’avait pas de choix à faire à part se laisser porter et attendre tranquillement la suite. Mais la suite, c’est justement maintenant… Alors on fait quoi ?!

 

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Après tout ça, vous imaginez bien que j’ai trouvé qu’il était trèsss facile de se transposer dans cette héroïne qui peine à se trouver, bloquée dans sa propre vie, coincée pour toujours dans l’insouciance de l’enfance (qui est quand même mille fois plus sympa que de se lever le matin pour aller bosser ou de payer ses impôts !). Keira Knightley incarne à la perfection ce rôle de « femme-enfant » qui hésite à plonger dans le grand bain (froid) de la vie et s’offre une petite semaine de réflexion, toute en décontraction. Ba quoi ?! Si j’en avais la possibilité, je ferais exactement la même chose. Sans hésiter. En sortant du cinéma, j’ai réfléchi à ce sujet bien plus profond qu’il n’y paraît de prime abord. Peut-être que de ne pas trouver sa voie « dans les temps », de se planter, de recommencer et de se perdre à nouveau nous fait effectivement passer pour des paumés en puissance. Peut-être que ne pas suivre le « schéma classique » n’est pas forcément bien vu par une majorité.

 

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Mais si on y réfléchit bien, tout le monde a aujourd’hui dans son entourage un « paumé » ou fréquente quelqu’un qui connaît un « paumé » (#adopteunpaumé ! Ahah). Ce que je veux dire, c’est que ce qui passait pour un phénomène en marge il y a peu commence petit à petit à devenir une norme. Si toi aussi tu fais partie de cette fameuse génération Y, ce qui suit doit te parler : longues études, pas de boulot, job alimentaire, petit salaire misérable, loyer élevé, pas d’argent, colocation ou cage à lapin, obligation de retourner chez papa-maman à la première complication, vie privée qui en pâtit (quand elle existe…). Vous m’objecterez peut-être qu’il ne faut pas exagérer, je vous répondrai sans hésiter que ces mots sont le reflet du quotidien de bon nombre de personnes de ma génération. C’est ainsi, les codes se sont inversés. Sommes-nous pour autant des désaxés immatures « en perte de repères » fuyant le monde du travail et ses responsabilités ? NO WAY. On avancera juste à notre rythme, en prenant en compte tous ces éléments avec lesquels il faut bien composer… Et tant pis si l’on entre jamais dans les cases des autres ;)).

 

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Pour en revenir au film, j’ai passé un très agréable moment devant « Girls Only ». Bien qu’il ne s’agisse pas selon moi d’une comédie « must have », son sujet est suffisamment dans l’air du temps pour parler à tous et permettre à chacun de passer un bon moment de cinéma. Même si le trait est parfois forcé, je me suis reconnue dans le parcours de cette trentenaire à contre-courant qui trouve le monde des « adultes » trop chiant pour y plonger totalement. J’ai aimé que la réalisation flâne entre la comédie et le dramatique sans jamais vraiment trancher : il n’est pas question que d’immaturité et de difficulté à se lancer. On nous parle aussi avec douceur et amertume de cette période « adulescente » dont il faut bien sortir un jour et affronter, même si l’on est terrifié ! Car tout repose sur les choix que nous ferons…

 

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L‘histoire se révèle finalement simple et touchante de sincérité, notamment grâce au trio d’acteurs qui comble le petit manque de rythme que j’ai parfois ressenti et la fin malheureusement trop prévisible et qui n’a pas comblé tous mes désirs de réponses (ALLO les réalisateurs, arrêtez de penser que l’amour est la clé de tout : c’est merveilleux d’être comblé de ce côté-là mais les problématiques qui nous constituent en temps que personne ne s’évanouissent pas juste parce que subitement nous sommes deux…). Un peu dommage donc que la part dramatique soit délaissée pour tomber dans la facilité d’une romance qui n’est, à mes yeux, pas une solution en soi vers le bonheur ! Un film à voir, ne serait-ce que pour se souvenir que ce n’est pas si mal de suivre sa propre route…

 

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J’ai lu… « Addict », de Jeanne Ryan (un roman qui n’est malheureusement pas à la hauteur de son titre)

 

Hello mes petits addict !

 

Si vous me lisez régulièrement, vous savez déjà que j’ai développé une véritable passion pour les romans young adult au fil de mes lectures. Ces dernières années, plusieurs maisons d’édition se sont positionnées pour mon plus grand bonheur sur ce public (acheteur) et sur ce genre (vendeur). Étant d’un naturel plutôt exigeant (mais c’est une qualité, n’est ce pas ? ;)), je suis forcée de constater que si tout n’est pas d’une qualité mirobolante dans la production (hé non, il ne suffit pas d’une romance à six francs six sous et d’un soupçon de fantastique pour que le succès soit au rendez-vous…), certains titres parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu d’une manière non négligeable à l’instar de Hate List dont je vous ai déjà parlé ici et que je vous recommande vraiment (vraiment, vraiment) chaudement. Je viens de mon côté de refermer Addict, un roman dont j’avais longuement entendu parler et dont j’attendais beaucoup, comme pour toutes mes lectures d’ailleurs (#lectricerelou). Bien que mon avis se révèle en bout de course assez mitigé, je ne pouvais que le partager avec vous quand même ! 

 

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« Addict »… Se plonger dans l’histoire

 

Vee, une adolescente de 17 ans discrète et plutôt peureuse est fliquée par ses parents depuis que ces derniers ont retrouvé son corps inanimé dans sa voiture moteur allumé et qu’ils sont persuadés que leur fille a tenté de mettre fin à ses jours. Si de son côté la jeune fille ne garde aucun souvenir de cette sombre soirée, elle commence à trouver fatigant le fait que ses parents ne lui accordent aucune confiance et que tout le monde la considère comme une gentille petite fille raisonnable et toujours dans l’ombre des autres. Lorsque Vee découvre « Addict », un jeu de télé réalité qui diffuse sur le net – puis à la télé – des défis plutôt osés réalisés par des gens lambda, elle se dit d’abord qu’elle n’aura jamais le courage d’y participer. Mais devant le succès grandissant de l’émission, elle réalise que ce jeu est peut-être la clé qu’elle attendait pour modifier son image en profondeur.

 

D‘autant plus que l’émission a de sérieux arguments pour convaincre les participants potentiels… Les organisateurs semblent en effet connaître les désirs les plus secrets de Vee et parviennent à la convaincre à coup de cadeaux qu’elle ne peut pas refuser et en lui proposant en plus un « partenaire de crime » absolument irrésistible. Elle accepte donc de faire équipe avec le beau Ian et participe à un premier défi sans conséquence… puis à un deuxième et à un troisième de plus en plus dangereux. D’autant plus que l’engouement des milliers d’observateurs en ligne la pousse à aller de plus en plus loin et à dépasser toujours plus ses limites… et ses peurs. Bientôt, le jeu prend un tournant plus que malsain. Mais comment décrocher quand tous ses rêves sont à portée de jeu et qu’on est devenu du même coup complètement addict ?

 

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« Addict »… Je me lance ou pas ?

 

Sur le papier, Addict avait vraiment tout pour me plaire : une idée de départ très originale et surtout particulièrement dans l’air du temps. A une époque où tout marche à l’apparence et où celui qui s’inventera la plus belle des vies sur les réseaux sociaux est Roi, j’avais hâte de voir quel message pouvait délivrer un roman young-adult sur le sujet à ses lecteurs. Le début ne m’a pas emballé à proprement parler : entre le bellâtre pour lequel Vee craque et la meilleure amie « top model » qui obtient tout ce qu’elle veut (et qui fait donc de l’ombre à l’héroïne), je trouvais que les bases manquaient un peu (beaucoup ?) d’originalité. Mais en m’accrochant, je n’ai pas pu m’empêcher de prendre Vee sous mon aile. Cette gamine a beau être une énorme tête à claque, elle en devient attachante. Comme tant d’autres, elle vendrait père et mère sur le marché juste pour être acceptée. Vee est jeune : elle n’a pas encore compris qu’elle a le droit d’être elle-même et de ne ressembler à personne si c’est justement ce qui la rend heureuse.

 

Pour prouver aux autres de quoi elle est capable (car il ne s’agit jamais que de cela : du regard des autres), elle s’inscrit à Addict en pensant que l’audace de sa démarche fera d’elle une personne nouvelle, voire totalement différente… et meilleure. A partir de là, l’intrigue s’envole. Vee se lance effectivement dans des défis qui risqueraient bien de la transformer à tout jamais. Le rythme est alors haletant, enlevé… tout simplement addictif. Tout devient plus intéressant et on se sent littéralement dépendant de la suite de l’histoire. On se demande jusqu’où sera prête à aller Vee et surtout pour quels types de gains ? Quel cadeau peut valoir suffisamment la peine pour qu’on puisse envisager de mettre sa vie en danger ? Et nous, simples lecteurs, aurions-nous accepter à sa place de prendre part à ce jeu stupide et machiavélique dans le seul but de « changer » et de se sentir exister aux yeux des autres ? Est-ce d’ailleurs si important de rentrer dans le moule ? Comment cette liste sans fin de défis toujours plus sordides à relever va-t-elle s’achever ?

 

Forcément, une fois que l’on s’est soi-même laissé prendre au jeu, on désire plus que tout découvrir le mystère autour d’Addict et surtout savoir qui tire les ficelles de ce jeu démoniaque. Ce qui m’ennuie (et pas qu’un peu pour être honnête), c’est que toute cette partie est tout bonnement « effacée » par l’auteure. Ne cherchez pas à découvrir qui sont les « méchants » de l’histoire car clairement, on ne le saura jamais. Vraiment dommage… Heureusement que les nombreux thèmes qui composent le roman sont pour leur part aussi intéressants que bien traités. Ça rattrape un peu le coup dirons-nous… On nous parle de l’emprise qu’ont sur nous les réseaux sociaux et la façon dont ils façonnent notre monde et notre rapport aux autres, chacun s’évertuant à montrer à autrui un visage qui ne lui ressemble pas forcément (voire pas du tout d’ailleurs !). La télé-réalité, si présente dans notre quotidien, en prend aussi pour son grade. Subtilement, on nous explique que si nous n’étions pas là pour regarder ces émissions vides de sens, elles n’auraient pas d’influence sur les téléspectateurs et n’existeraient tout simplement plus. Addict nous montre aussi qu’à trop vouloir s’exposer, le droit à la vie privée, à l’image et même à l’oubli que l’on revendique tant sur le web nous glissent entre les doigts et perdent cruellement de leurs substances sans vigilance de notre part.

 

La société de consommation, ces petits gadgets que tout le monde s’arrache (comme s’ils avaient le pouvoir de rendre notre vie plus belle) sont aussi montrés du doigt sans vergogne, soulignant ce que l’être humain est prêt à faire de stupide pour des choses aussi médiocres que du matériel… Enfin, la place des apparences et de l’image « qu’on donne à voir de soi » est intelligemment traité. A ce propos, j’ai trouvé que le roman accordait une place relativement importante au sexe, ou du moins à l’image que se donnent les ados sur le sujet dans une société de plus en plus sexuée. Tous les défis que Vee doit relever sont axés sur ce thème loin d’être innocent. On commence d’abord « doucement » : elle doit crier dans un bar bondé que son partenaire de jeu est le meilleur coup qu’elle ait jamais eu dans sa vie. Puis elle doit se rendre à une réunion de jeunes abstinents et leur demander des préservatifs. Et comme nous ne sommes plus à une provoc’ près une fois qu’on a touché au mauvais goût, elle se retrouve à faire le trottoir et à devoir trouver un client dans un quartier particulièrement dangereux dès le défi suivant. Dès lors, j’ai trouvé qu’un glissement tout à fait intéressant s’effectuait dans le récit. Car si l’on a même plus conscience ni de la bêtise des faits, ni du danger, qu’est-ce qui nous arrêtera encore ?

 

Les défis, à l’instar de celui-ci, pourraient peut-être sembler peu réalistes ou trop « poussés » pour certains mais de mon propres avis, ils sont plutôt représentatifs des ados d’aujourd’hui (même s’ils ne sont évidemment pas tous à stigmatiser ni à mettre dans le même sac). Vous voulez vous amuser ?! Proposez donc à un adolescent un Iphone 6 en contrepartie d’un défi stupide : il est fort probable que 90 % d’entre eux accepteront sans broncher… (Croyez-moi, j’ai fait un petit sondage dans mon entourage et j’ai été plutôt outrée) (ça y’est, c’est officiel : je suis une vieille rombière. ECRASEZ-MOI AVEC VOTRE VOITURE S’IL VOUS PLAÎT). L’intrigue d’Addict est donc aussi passionnante que bien fondée et très actuelle sur bien des aspects. De ce point de vue, j’ai été véritablement happée par le récit, me disant encore et encore que Vee allait s’arrêter, qu’elle allait FORCEMENT prendre conscience de la bêtise et du danger de ses actes… avant de la voir aller toujours plus loin, sombrer un peu plus et s’enfoncer dans un système qui la dépasse. Hé oui, il faut croire que la gamine n’a pas la lumière à tous les étages : poussée par cette envie viscérale d’exister, ses décisions sont pour le moins aberrantes… Mensonge, provocation, humiliation, pourquoi s’arrêter en si bon chemin quand on a mis les pieds dans un engrenage aussi sympathique ? Reste à savoir si Vee parviendra à ouvrir les yeux à temps sur son comportement puéril… (SUSPENSE SUSPENSE).

 

C‘est le moment où vous me dîtes (car je lis dans vos pensées !) que pour un article mitigé, je suis pourtant assez élogieuse pour le moment. C’est vrai : c’est mon côté « je vois le verre à moitié plein ». Mais comme toutes les bonnes choses ont une fin (il paraît), c’est le moment où je vous explique que malgré tous les aspects positifs dénombrés ci-avant, plusieurs choses m’ont malheureusement déplues dans l’évolution du récit… à commencer par le tournant télé réalité qu’opère le jeu et qui m’a fait penser pour mon plus grand désarroi à un mauvais remake de Hunger Games. Que celui qui n’y a pas pensé me jette la première pierre mais à partir du moment où Vee est sélectionnée pour les épreuves diffusées en direct à la télévision, j’ai eu la très désagréable sensation de revoir Katniss entrer dans l’arène, tant dans l’action que dans les relations qui s’établissent entre les différents participants, qui, comme de véritables petits sauvageons, se battent tous pour la même chose (NB : l’appât du gain fait visiblement perdre quelques neurones en route…). Bien que cette ressemblance soit certainement involontaire de la part de l’auteure, cette impression de « trop » déjà-vu ne m’a pas quitté et a, selon moi, enlevé ce qui faisait jusqu’à présent la très grosse originalité du récit.

 

A côté de ça, j’ai trouvé la romance qu’on nous inflige (sans surprise toutefois : nous sommes dans du young adult !) insipide et sans intérêt. Ian n’aura pas fait vibrer mon petit cœur… SNIF. La fin m’a aussi déçue : trop bâclée, trop ouverte, pas assez tranchée. J’ai d’abord cru qu’elle était annonciatrice d’une suite, ce qui aurait peut-être été moins catastrophique, mais même pas. Il faut croire que Jeanne Ryan avait juste envie de finir son roman, point final. En résumé, on peut dire qu’Addict avait de réelles qualités. Mais malheureusement, ce sont ses faiblesses qui prennent le dessus en bout de lecture. Malgré une analyse assez fine de la société actuelle et de l’individualisme latent (car c’est clair : même en danger, ne comptez pas sur les autres pour vous sauver !), un concept plutôt bien pensé (contrairement aux télé réalités que l’on nous sert, les participants ne sont pas enfermés dans Addict : ils sont « libres » et le danger est justement partout puisque les caméras sont remplacées par les téléphones portables de tout un chacun…) et une critique bien sentie de l’évolution de notre manière de « communiquer », l’ensemble manque malheureusement de profondeur. Dommage, dommage…

 

J’ai lu… « C’est ici que l’on se quitte », de Jonathan Tropper (un récit délectable… que l’on voudrait faire durer !)

 

Hello mes petits chatons !

 

Alors que j’étais avide de découvertes, une amie m’avait conseillé il y a quelques temps déjà les romans de Jonathan Tropper, me disant que c’était vraiment le genre de mecs avec lequel on ne pouvait pas s’ennuyer (mouais : non pas que je sois du genre sceptique mais j’attendais de voir quand même avant de crier au miracle… !). Mes dernières lectures ayant été plutôt du genre sombres, j’avais plus que tout besoin d’un peu de légèreté… et de déconnade ! Je ne voulais pas mettre trop de pression sur les épaules de ce pauvre Jonathan mais il est clair que j’en attendais beaucoup. Je me suis donc plongée sans attendre dans l’histoire de « C’est ici que l’on se quitte » et, d’abord refroidie par le contexte (encore un deuil ! Les écrivains d’aujourd’hui n’ont-ils donc pas d’autres thèmes de prédilection ?!), j’ai tout simplement adoré cette petite merveille qui m’a fait rire, rire, rire… comme jamais ! Et vous savez quoi ? Ça fait du bien.

 

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« C’est ici que l’on se quitte »
Se plonger dans l’histoire

 

Qu’y a-t-il de pire que de perdre son père ? Réponse : passer la semaine qui suit enfermé avec sa propre famille de dingues… Morton Foxman s’en est allé. Mais avant de mourir, il a exprimé une ultime volonté : que sa famille, éparpillée aux quatre coins de l’État, se réunisse et célèbre ensemble la Shiv’ah. Le principe ? Sept jours de deuil dans la religion juive partagés ensemble, sous le même toit, accompagnés d’un défilé de voisins qui viendront pleurer sur votre épaule et vanter les mérites de ce cher disparu tout en mangeant des bagels au saumon et autres petites gâteries. Pour les Foxman, c’est l’étonnement. Leur père n’était pas pratiquant et il semble clair qu’il connaissait assez les membres de sa famille pour ne pas leur infliger ça. Bien obligés de se plier de mauvaise grâce à cette dernière volonté, le clan se réunit dans la maison familiale pour la première fois depuis… Depuis quand déjà ?!

 

Des retrouvailles surprises dont Judd, l’un des fils Foxman, se serait volontiers passées. Il a déjà bien assez à faire avec sa propre déprime après avoir découvert son épouse dans une position peu orthodoxe avec son propre patron, dans son propre lit conjugal, et après avoir perdu du même coup femme, maison et boulot ! Obligé de s’installer dans un sous-sol miteux en attendant que ne soit prononcé le divorce, sa vie n’aurait pas pu prendre un tournant plus sadique… jusqu’à la mort de son père et cette semaine de vie en communauté forcée qui s’annonce déjà comme la pire de sa vie. En bon fils aimant, il rejoint pourtant sa mère, psy peu conventionnelle spécialisée dans l’éducation des enfants (sauf des siens !), au décolleté ravageur et aux formes peu naturelles, sa sœur Wendy accompagnée de ses trois mômes hyperactifs et de son mari Barry, homme d’affaires qui n’envisage pas la vie sans son Blackberry greffé au bout de la main, son frère aîné Paul – qui a repris l’entreprise familial mais qui a visiblement de gros problèmes de rancune et d’aigreur non digérées – et sa charmante épouse Alice avec qui Judd a justement batifolé dans sa jeunesse – et enfin Phillip, le cadet bourreau des cœurs qui se fait bien discret sur ses activités professionnelles qui ne respirent pas l’honnêteté… Comment survivre toute une semaine en compagnie de cette famille névrosée et follement déjantée, pleine de rancoeurs, de non-dits et autres joyeusetés ? En prenant sur soi pour ne pas les étrangler à tour de rôle, Judd se dit vraiment que « L’enfer, c’est les autres »… et que son père ne connaît pas son bonheur de n’être plus là pour assister à ça !

 

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« C’est ici que l’on se quitte »
Je me lance… Ou pas ?

 

Il y a des semaines exceptionnelles qui font parties de celles qu’on oubliera jamais. Celle que j’ai eu l’honneur de passer avec la famille Foxman fait justement parties de celles-ci ! J’ai vraiment adoré chacun de ses membres… mais peut-être parce que je ne fais pas partie de cette joyeuse bande de fous justement ;)). Ironie du sort : ce roman n’est pas de ceux qui me passionnent en général. Trop de personnages, trop de caractères, trop de péripéties. Trop de tout en fait. En temps normal (je me connais !), la sauce n’aurait pas prise. J’aurais trouvé ça caricatural à souhait, trop exagéré ou pas assez travaillé au contraire. Mais là, quelle merveille ! Il en faut du talent pour réussir ce tour de force de dessiner aussi bien ses personnages (surtout qu’ici, il y en a tout de même un petit paquet) tout en rendant leurs vies et leurs misères plausibles. Pourtant dans ce livre, tout n’est pas fait dans la dentelle et certaines scènes manquent parfois cruellement de finesse. Mais qu’est-ce qu’on rit de bon cœur ! On rit tellement d’ailleurs que tout passe comme une lettre à la poste.

 

De talent justement, il est clair que Jonathan Tropper n’en manque pas. Je me demande même si je n’aurais pas été envoyée quelques années sur Mars à mon insu pour être passée à côté de ses livres aussi longtemps. Maintenant qu’ils sont entrés dans ma vie, autant vous dire que je ne compte plus m’en passer ! Son écriture insolente m’a tellement amusée que j’en redemande. Il est vrai que son style est plutôt cru voire même carrément osé : en le lisant, j’avais parfois l’impression de m’être plongée dans le journal intime d’un ado qui se confierait sur ses déboires sentimentaux (et sexuels !). Oreilles pures et chastes, prière de s’abstenir ! Tropper n’y va jamais par quatre chemins et on découvre avec lui les affres de l’infidélité et la difficulté à draguer (puis à coucher) avec une autre femme que la sienne quand l’image de cette dernière nous obsède encore. De la relation sexuelle en situation de handicap au petit « coup » mécanique dans le seul but de procréer et d’agrandir l’espèce humaine, tout y passe et tout est décortiqué avec un humour des plus décapant.

 

Pourtant bien sûr, le sexe n’est pas le thème de prédilection de ce roman aux intrigues multiples et fouillées (je vous rappelle que tout part d’un deuil tout de même, ne l’oublions pas !). Au début de la lecture clairement, on se demande dans quelle genre de tribu nous avons eu la chance de tomber. Chez les Foxman, il y a un problème de taille : l’absence de communication. Et dit comme cela, c’est réellement un euphémisme. Qu’on ne partage pas grand chose avec sa fratrie, jusque là rien d’anormal. Vous connaissez l’expression : on ne choisit pas sa famille. Mais en pénétrant chez eux, on comprend en deux temps trois mouvements que le problème est bien au-delà de ça. Les Foxman sont de véritables handicapés du cœur : laisser s’exprimer leurs sentiments, ils ne savent pas faire. Alors quand la pudeur, les rancoeurs du passé, les règlements de compte et les non-dits s’en mêlent, cela devient franchement complexe et le joyeux bordel n’est plus très loin ! Avec énormément d’humour, Tropper nous fait pénétrer dans la psychologie de ses personnages justement si impénétrables en apparence.

 

Et là, tout est délectable. On se rend compte que ces personnalités hautes en couleur ne nous sont pas aussi étrangères qu’elles le semblaient de prime abord. Et qu’il y a peut-être même beaucoup d’elles dans nos propres familles, avec le recul ! Petit à petit, cette famille qui nous semblait à la fois si froide et si fantasque en apparence nous envoûte et nous pousse à aller toujours plus loin dans notre lecture. A la fin, le pari est réussi : on ne veut tout simplement plus les quitter. J’ai trouvé tout simplement délectable de découvrir au fil des chapitres les intrigues plus croustillantes les unes que les autres qui complexifient largement le scénario de départ et le gonfle comme une toile d’araignée. On valse de situations délicates en rebondissements cocasses et inattendus, le tout sans temps mort (et à un rythme de dingue : im-pos-si-ble de s’ennuyer une seconde) et sans oublier les dialogues, petits bijoux composés de punchlines d’exception. J’ai beau réfléchir, je ne trouve pas de défaut à ce récit hilarant, au portrait féroce et dessiné au vitriol sur la famille, mais aussi riche en émotions et en tendresse.

 

Car mon cœur d’artichaut vous le demande : ce roman aurait-il été aussi bon sans cette petite dose douce-amère de nostalgie qui vient parfaire et sublimer l’ensemble ? Les paris sont ouverts mais j’ose tout de même une réponse : NON évidemment ! S’il ne s’agissait que d’un vulgaire roman au trait loufoque, je sais que mon cœur n’aurait pas autant succombé pour cette douce famille de fêlés. Mais au fil de la lecture, un glissement s’opère subtilement. Derrière l’humour, on sent les cœurs palpiter et les larmes perler aux coins des yeux. Car on l’avait presque oublié mais ces héros ont perdu leur père et une part de leurs enfances s’envolent définitivement avec ce dernier. Derrière l’excuse de la Shiv’ah, c’est toute une famille dont les membres sont petit à petit devenus des inconnus les uns pour les autres qui se retrouvent et se redécouvrent. Et cela serre le cœur. Car derrière ce propos un ton plus sérieux, on se reconnaît tous : que nous est-il arrivé ? Comment avons-nous pu nous perdre à ce point là en route et trahir les enfants que nous étions, leurs envies, leurs rêves et leurs souvenirs ?

 

« Je sens une immense vague de regrets m’envahir quand je considère la personne que je suis devenue », confie Judd à ses lecteurs. Difficile de rester de marbre face à ces révélations émouvantes (qui m’ont sérieusement donné envie de faire un câlin au héros pour le réconforter) et qui nous feraient presque passer du rire aux larmes. Presque car Tropper parvient à émouvoir profondément tout en gardant cette légèreté propre à son écriture. Il nous parle ainsi des blessures du passé et du temps qui passe, inlassablement, et contre lequel on ne peut rien, du chemin vers le bonheur (toujours semé d’embûches, sinon ce ne serait pas drôle), de la difficulté à faire les bons choix (ou en tout cas de se convaincre qu’on fait les bons !) et de la perte, beaucoup : la perte de nos rêves qui se cassent la gueule et qu’on ne réalise pas toujours mais surtout la perte des autres, ces autres qui finissent toujours par s’en aller, par nous quitter ou par mourir… (ces salopards !). Dans ce livre plus que divertissant et surprenant, Jonathan Tropper nous en fait donc voir de toutes les couleurs, mais uniquement celles de l’arc en ciel ! Je ne peux que vous recommander cette lecture excessivement drôle (vous l’aurez compris) mais pas que. Je l’ai refermé avec émotions, enchantée de cette semaine haute en couleurs passée avec chacun des membres de la famille Foxman. Tous m’ont donné de l’espoir chacun à leur façon : on peut parfois croire que certaines choses sont perdues à tout jamais puis subitement se retrouver face à un nouvel éclairage qui remet tout en question et nous oblige à revoir nos positions, nos idées toutes faites aussi, pour mieux voir la vérité en face. La vérité toute nue…

 

« ON PEUT DEMEURER LA, SE SENTANT AU DESSUS DE LA MÊLÉE BIEN QU’ON NE LE SOIT PAS, ET ABOUTIR A LA CONCLUSION SOLITAIRE QUE LA SEULE CHOSE DONT ON PUISSE ÊTRE SUR, AU SUJET DES AUTRES,
C’EST QU’ON NE SAIT JAMAIS RIEN D’EUX… »

 

J’ai vu… « Plus jamais », un film choc et haletant sur la violence conjugale

 

Hello mes petits justiciers !

 

* Spoiler Alert : ce qui suit dévoile des morceaux importants de l’intrigue et en propose un décryptage. A vos risques et périls si vous allez plus loin ! ;))

 

Il y a des films dont on ne parle jamais mais qui méritent pourtant la publicité la plus fantastique du siècle. Je vous ais déjà expliqué que tout ce qui touche aux droits des femmes et plus particulièrement à la violence conjugale me prend littéralement aux tripes. Si j’avais eu du courage (en plus de mes 5 années d’études qui m’en ont déjà demandé pas mal !), je crois que j’aurais adoré faire des études de droit pour défendre les valeurs d’autrui devant une cour de justice (en plus, je suis sûre que la robe me serait allée à ravir ;)). Au lieu de ça, je lis et regarde avec passion tout ce qui a trait à ce sujet qui me tient tant à cœur (chacun fait ce qu’il peut à son niveau, ahah !). Si « Jamais sans ma fille » ou « Les nuits avec mon ennemi » (un des films passés sous silence dans la filmographie de Julia Roberts) font parties des scénarios que j’adore particulièrement sur le sujet, je voulais vous parler aujourd’hui de « Plus Jamais », un film qui me remue littéralement et me bouleverse à chaque fois que je le vois et qui mérite largement qu’on en parle, même s’il ne date pas d’hier à proprement parler. Comme pour tout ce qui me passionne, je suis intarissable sur le sujet… Mille excuses donc pour le pavé qui suit (d’un autre côté, je suis sûre que cela ne vous étonne plus) mais qui j’espère vous intéressera autant que moi !

 

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« Plus Jamais »…
Se plonger dans l’histoire

 

Slim, une jeune serveuse à qui la vie n’a jamais vraiment souri voit son rêve devenir réalité le jour où elle rencontre puis épouse Mitch, un entrepreneur riche et séduisant. Pour celle qui n’a jamais eu de chance, le quotidien prend subitement des allures de conte de fée : un mari attentionné qui ne cesse de lui répéter « qu’elle ne craint rien avec lui », une magnifique résidence dans une banlieue huppée et très vite un bien joli cadeau : Gracie, une jolie petite fille qui vient encore plus embellir leur quotidien. Mais les années passent et Mitch se fait plus distant, ne semblant pas s’épanouir dans sa vie de famille. Le jour où Slim découvre les infidélités de son mari, elle entre dans une colère noire qu’il fait taire en la battant sans retenue. Le paradis dans lequel Slim croyait évoluer vole subitement en éclats et la vie de la jeune femme va alors passer du rêve au pur cauchemar…

 

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Au commencement, Mitch ressemble pourtant à s’y méprendre à l’homme idéal. Galant, prévenant, attentionné, il ne cesse de répéter à Slim qu’ils « ont plus que tout gagné le droit d’être heureux ». Pour celle qui n’a pas eu une enfance très heureuse, cette phrase résonne comme la plus belle des promesses. Et comme dans n’importe quelle histoire au sujet de la violence conjugale, au début, tout se passe bien. Le problème ? C’est que ça ne dure pas… En effet, celui à qui on donnerait le bon dieu sans confession se révèle vite avoir plusieurs visages et n’être finalement rien d’autre qu’un pervers narcissique, manipulateur et infidèle. Quand on creuse un peu, l’homme à qui rien ni personne ne saurait résister dévoile sous la surface un être menteur, fourbe, méprisant et monstrueux, joué à la perfection par Billy Campbell. S’il s’était contenté d’être infidèle, Mitch aurait encore presque pu passer pour « l’homme parfait ». Mais le jour où Slim le confond et lui fait savoir « qu’elle n’est pas un paillasson et qu’il ne peut aucunement la traiter de cette manière », la première claque, suivie du premier coup de poing, pleuvent. Avec un calme olympien (!), il lui explique qu’il lui a créé une vie de rêve (!!) et qu’elle n’a aucune raison de se plaindre. D’ailleurs, c’est lui qui ramène l’argent du foyer et qui a donc tous les droits (comment ça vous ne voyez pas le rapport vous non plus ?). Tout continuera donc à se passer exactement de la même manière : il ira chercher ailleurs de quoi combler ses pulsions de mâle dominant (« Je suis un homme, chérie », lui dira-t-il d’ailleurs à ce sujet avec le plus grand des sérieux) pendant qu’elle restera à sa disposition et l’attendra bien sagement à la maison, s’occupant des tâches ménagères et de leur fille, en bonne épouse sage et soumise, comme il l’a toujours désiré. Suite à cette première confrontation et pour lui ôter toute tentation de partir, il lui pique ses clés et lui confisque sa carte d’identité afin d’être bien certain qu’elle ne s’échappera pas et clame haut et fort qu’il part rejoindre sa maîtresse. L’homme idéal hein…

 

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Et le mécanisme bien rodé de la violence conjugale est déjà dans les starting blocks. Slim, effondrée, jure qu’elle n’est pas le « genre de femmes sur qui un homme peut lever la main ». Elle cherche du soutien (qu’elle n’obtiendra pas) auprès de sa belle-mère (la mère du monstre donc) qui, comme trop souvent, remet la culpabilité sur le dos de la victime en ayant cette phrase éloquente : « Mais mon Dieu ma pauvre petite… Mais qu’est-ce que TU as fait ? Qu’est-ce que TU lui as dit ? » (Visiblement, il y a eu une petite faille dans l’éducation de son fils et on se demande bien d’où elle peut venir…). Plus seule que jamais, Slim se tourne alors naturellement vers l’institution censée défendre tout citoyen en danger : la police. On lui demande alors si elle a déjà porté plainte contre son époux. Comme bon nombre de femmes avant elle, la peur l’a empêché de se rendre au commissariat plus tôt. Mais pas seulement : aussi ce désir de protection, aussi incroyable et fou qu’il puisse paraître, que la jeune femme cristallisera en s’écriant : « C’est le père de mon enfant, je ne vais tout de même pas le faire mettre en prison ! ». On lui fait savoir sans embarras que ne pas porter plainte était la première de ses (trop nombreuses) erreurs. Sans plainte, il n’y a pas de preuves. Et sans preuves, comment se défendre ? On lui propose alors d’envoyer à Mitch une ordonnance restrictive (traduction : un bout de papier) censé avoir un effet dissuasif et le garder à distance. Comprenant qu’elle ne sera protégée par personne, Slim décide alors d’organiser sa fuite et celle de sa fille.

 

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Elle y parvient dans un premier temps, mais c’était sans compter sur son psychopathe d’époux qui retrouve toujours sa trace, lui coupant tour à tour les vivres à distance, la pourchassant et la traquant comme un animal, comme un vulgaire objet lui appartenant littéralement. Il lui dira ainsi : « Si tu refuses d’être à moi, tu ne seras à personne. Je me refuse à vivre sans toi. » (déclaration « d’amour » à recommander si vous voulez faire flipper et fuir quelqu’un aussi loin que possible). Et l’enfer continue. A nouveau, Slim est sans arrêt obligée de fuir, équipant ses habitations de passage de « pièges » et ayant toujours des perruques et autres bagages cachées dans le coffre de voitures qu’elle poste dans la ville au cas où elle devrait tout abandonner en vitesse et changer à nouveau d’identité. Mitch parvient de toute façon toujours à la retrouver grâce à un excellent réseau d’hommes de main à sa disposition, prêts à tuer s’il le fallait. Un jour où la situation atteint un point de non-retour et après avoir reçu une assignation à comparaître (car Mitch veut bien évidemment la garde de sa fille, pour l’emmener au parc entre deux 5 à 7 avec ses maîtresses !), la jeune femme se rend chez un avocat.

 

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Et à nouveau, la Justice, chargée normalement de protéger les victimes, la laisse tomber. Ce dernier lui explique qu’elle n’a tout simplement aucune chance de gagner le procès et qu’au delà de ça, le rendez-vous au tribunal sonne même comme un véritable piège. D’abord car en quittant le domicile conjugale avec sa fille, elle est poursuivie pour enlèvement et donc déjà coupable. Ensuite, car elle n’a jamais porté plainte et qu’il n’existe donc aucune trace tangible de violences quelles qu’elles soient et donc qu’elle ne pourra pas faire valoir le comportement odieux de son mari devant une cour de Justice. Et enfin (détail non négligeable), elle n’a pas un sou et se retrouve à lutter seule contre un homme blanc, fortuné et au bras très long… Dans la bouche de l’avocat, il est donc déjà trop tard. Prise dans un étau, ne voyant plus d’issue à cette course contre la montre pour survivre, Slim va être obligée d’élaborer un plan minutieux et intelligent pour être enfin libérée de son bourreau (qui ne l’aurait de toute façon jamais laissé en paix). Mitch lui répétait sans cesse : « Je suis et je serai toujours un homme qui obtient ce qu’il veut. Je te voulais, je t’ai eu. Sois tu acceptes, sois tu te bas ». Voilà qui ne va pas tomber dans l’oreille d’une sourde… Après avoir mise Gracie en sécurité, Slim va se consacrer corps et âme à un combat qu’elle n’a pas voulu mais qu’elle est bien décidée à gagner. Dorénavant, elle ne sera plus jamais la victime mais l’adversaire.

 

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« Plus Jamais »
Je me lance… Ou pas ?

 

A sa sortie sur les écrans, beaucoup de critiques ont été très acerbes au sujet de « Plus Jamais », jugeant le film caricatural et plein de clichés. Si l’on s’en tient à l’histoire telle qu’elle est présentée et qu’on la regarde en débranchant son cerveau (ce que je fais moi-même bien trop souvent), on peut en effet se dire que ce film a exactement la même envergure qu’une téléfilm allemand diffusé le dimanche après-midi sur M6. C’est vrai : les clichés sont plus que présents. Déjà, on nous dépeint le parcours d’une jeune femme Latina sans le sou qui a grandi dans la galère et qui survit depuis toujours grâce à son petit boulot de serveuse et à la seule sueur de son front. Sortez les mouchoirs, les bases sont posées ! Mais lorsque cette même jeune femme trouve le bonheur en épousant Mitch, un homme blanc au compte en banque bien rempli, on se dit naturellement que le remake de Cendrillon n’est plus très loin. Le début est donc un peu gratiné et les dichotomies bien marquées (pauvre VS riche, passé douloureux VS avenir radieux…). Si l’on s’arrête à cette simple (et plutôt pauvre) description, peu de doute que quiconque ait envie d’aller plus loin (FAUX ?!). L’intérêt du film ne réside donc pas dans la beauté des atouts de Jennifer Lopez (dont on ne doutait de toute façon pas ;)) mais dans le traitement accordé à la violence conjugale qui m’a rarement semblé aussi complet et qui, en ce sens, ne peut qu’interpeller, émouvoir, éduquer… Bref, que l’on doit voir, voir et revoir car ce sujet mérite d’être tout sauf tabou et doit être soulevé, creusé, étudié autant que faire se peut, à une époque où encore une femme meurt sous les coups de son compagnon tous les trois jours.

 

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De mon côté vous l’aurez deviné, ce film me donne littéralement des frissons chaque fois que je le vois. Au-delà du thriller haletant, je ne peux pas m’empêcher de me mettre à la place de Slim et de penser à toutes ces femmes qui pensaient avoir touché le gros lot en rencontrant « l’homme de leur vie » et qui ont été trahies, traquées, blessées… Dans le « meilleur des cas », quand elles s’en sont sorties vivantes. Lors du premier épisode de violence, Mitch explique à Slim que « l’amour, c’est parfois quelque chose de terrifiant. La force que ça a, quand parfois ça nous prend… », dit-il. Et la suite du scénario de nous rappeler, avec force et intelligence, que l’amour ce n’est JAMAIS ça justement : ce n’est jamais faire du mal à quelqu’un, lui mentir, la tromper, la battre. Il rappelle qu’il faut porter plainte, TOUJOURS, dès la première claque. Sans attendre. Car il y en aura toujours une deuxième malgré les promesses… Les scènes de violence sont explicites, tout est montré et même Gracie, petite puce de 5 ans, sera impliquée dans l’une des scènes. Comme tant d’autres enfants qui, chaque jour, tentent de séparer leurs parents au cours d’un conflit pour mieux les protéger… Ce film, je vous le disais donc, est à mes yeux le plus complet qui soit dans son analyse de la violence conjugale : il pointe avec beaucoup de finesse la façon dont les victimes sont littéralement laissées pour compte et livrées à elles-mêmes, souvent abandonnées par leurs proches qui ne veulent pas voir, pas intervenir dans ce qui semble faire partie de l’intime, de la vie privée. Et comme chacun sait, ce qui se passe chez les autres doit évidemment rester chez les autres… Lorsque la Police puis la Justice s’y mettent, vous pointant du doigt car vous avez osé fuir le domicile conjugal pour sauver votre peau et celles de vos enfants, sans argent, sans but, avec la peur au ventre et l’instinct de survie pour seule compagnie, quelles solutions s’offrent à vous ? Ce que je retiens de cette histoire forte, c’est que c’était elle ou lui. Il ne pouvait de toute façon y avoir qu’un seul survivant à cette sombre « romance ».

 

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Pour survivre et sans aucune aide extérieure, Slim n’a pas eu d’autres choix que de se faire justice elle-même puisque la justice l’avait littéralement abandonné. Comme on a pu le voir aussi dans le téléfilm « l’Emprise » lors de sa diffusion récente sur TF1, c’est qu’il y a d’énormes failles dans le système judiciaire telle qu’il est aujourd’hui et que les moyens mis en place sont TRÈS LOIN d’être à la hauteur de l’ampleur de la violence conjugale d’aujourd’hui. Pour survivre, Slim va devoir contourner le système judiciaire et miser sur la « légitime défense » (autorisée donc par la Justice) pour être enfin libérée. Une issue tragique et définitive mais qui s’avérait finalement être la seule solution qui s’offrait à elle après ces longues années de combat. Malgré les stéréotypes bien présents au départ donc, la qualité du contenu et le traitement accordée à la violence conjugale en font vraiment un film d’une grande qualité. La présence de J-Lo, qui peut faire sourire de prime abord, apporte vraiment du punch au scénario. Je la trouve aussi convaincante que touchante en femme battue cherchant à échapper à la tyrannie et à l’emprise de son mari. On la voit passer tour à tour de la simple serveuse en mal d’amour à l’épouse parfaite et épanouie en finissant par la femme trompée, meurtrie et désillusionnée. Un parcours qui fait froid dans le dos mais dont elle sortira grandie… et enfin apaisée.

 

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Je retiens surtout de cette histoire incroyable qu’il n’y a pas de fatalité. Mitch pensait mener les rênes et n’avoir rien à craindre de sa petite épouse faible et apeurée ? Elle va réussir à puiser la force cachée en elle pour se battre (dans tous les sens du terme) et sauver sa peau. Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Tout repose sur ce constat affligeant : une femme ne peut pas se battre. Une femme ne saurait être dans la violence (bien qu’il s’agisse ici davantage de défense et la nuance est relativement importante selon moi). Une femme représente par essence la douceur et la protection. Une femme aime forcément les chats, les cœurs et les paillettes. Et si tout partait de là ? Et si l’on changeait cette manière aberrante de voir les choses en rééduquant cette vision archaïque ? Il ne s’agit pas de prôner la violence par la violence évidemment. Mais dans une société où une femme est obligée de craindre pour sa vie lorsqu’elle sort de chez elle, ne serait-il pas judicieux d’apprendre aux enfants dès leurs plus jeunes âges à voir les choses autrement ? Si le respect s’apprend très jeune, le rapport au corps, la construction sociale, le sempiternel rôle homme/femme aussi. Alors peut-être faudrait-il, dès l’école, envisager un discours plus militant, rappeler que la violence envers autrui est un crime et que savoir se défendre est primordial, notamment par le biais de l’auto-défense qui est à mes yeux l’une des clés à maîtriser aujourd’hui pour vivre plus sereinement. Il y a tant à faire et à envisager pour rendre le monde dans lequel nous vivons plus serein, plus apaisé… simplement plus beau. « Plus Jamais » pointe avec talent cette réalité encore trop souvent ignorée ou minimisée mais qui représente pourtant le quotidien de millions de femmes dans le monde (et d’hommes aussi d’ailleurs – ce qui est tout aussi abject – même si ça n’était pas ici mon propos). Et nous avons tous un rôle essentiel à jouer pour éradiquer cette problématique universelle qui se joue partout, peut-être à deux pas de chez vous, et contre laquelle nous devons tous lutter. Un film à voir sans attendre…

 

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J’ai lu… « Les gens heureux lisent et boivent du café », d’Agnès Martin-Lugand (un condensé de sobriété et d’émotions pures ♥)

 

Hello mes jolis mots !

 

Il y a quelques jours, j’ai vécu une expérience de dingue, un moment quasi mystique qu’il me fallait absolument partager avec vous. Le genre de moments qu’on ne peut vivre qu’entre les pages d’un excellent roman (ou en dévorant un très très bon gâteau. Ou en dégustant un très très bon verre de vin. Ou… bref, vous avez compris ;)). Tout a commencé vers 23h lorsque j’ai ouvert « Les gens heureux lisent et boivent du café ». Je ne sais pas si j’ai subitement basculé dans une faille spatio-temporelle mais une chose est certaine, j’ai été happée dans une autre galaxie dont je ne suis ressortie que quelques heures plus tard, à 2h15 très précisément, en refermant la dernière page de ce livre superbe qui m’aura emporté très loin dans son sillage… Je dois avouer que je suis gâtée niveau lecture en ce moment : j’enchaîne les pépites et les jolies découvertes. Mais si je pensais avoir eu un vrai coup de cœur pour « Juste avant le bonheur », je crois qu’il n’y a pas de mots assez forts pour exprimer mon ressenti face à la merveille qu’est « Les gens heureux lisent et boivent du café » et dont je m’empresse donc de vous parler ♥

 

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« Les gens heureux lisent et boivent du café »
Se plonger dans l’histoire

 

« Ils étaient partis en chahutant dans l’escalier.
J’avais appris qu’ils faisaient encore les pitres dans la voiture,
au moment où le camion les avait percutés.
Je m’étais dit qu’ils étaient morts en riant.
Je m’étais dit que j’aurais voulu être avec eux. »

 

Diane perd brusquement son mari et sa fille dans un accident de voiture. A son arrivée à l’hôpital, sa fille Clara est déjà morte et elle a tout juste le temps de dire adieu à Colin, son mari. Dès lors, tout se fige en elle, à l’exception de son cœur, qui continue de battre. Obstinément. Douloureusement. Inutilement. Égarée dans les limbes du souvenir, elle ne retrouve plus le chemin de l’existence. Incapable de se rendre à l’enterrement des deux êtres qu’elle aimait plus que tout au monde, elle passe l’année suivante enfermée chez elle, volets fermés, enroulée dans sa couette avec le sweat à capuche de Colin sur le dos, le doudou de sa fille dans la main et des cigarettes pour seule nourriture. La colère, la tristesse et l’incompréhension pour seule compagnie. Seul Félix, son meilleur ami homo et haut en couleur, la harcèle (sans succès) pour la sortir de sa léthargie et la ramener à la vie tout en tentant de ne pas faire couler leur entreprise, un café littéraire nommé – souvenir d’une époque lointaine et heureuse – « Les gens heureux lisent et boivent du café ».

 

Les jours s’étirent lentement et Diane, toute à sa douleur, ne « cicatrise » pas. Les souvenirs de ses amours disparus trônent toujours dans son appartement et elle est toujours incapable de se rendre au cimetière, de sortir travailler, de lire ni même de se nourrir. Diane est dans la survie, rien que dans la survie. Lassée des sollicitations permanentes de ses parents et de Félix, n’aspirant qu’à la paix et à la solitude, elle décide de partir en Irlande, une destination qu’elle est certaine de détester mais que Colin n’a pas eu le temps de découvrir comme il le souhaitait. Elle y loue un cottage perdu dans un petit village avec pour seul voisinage une maison vide, ce qui n’aurait pas pu mieux tomber ! Elle espère ainsi pouvoir faire comme à Paris, mais sans être dérangée par quiconque et végéter jusqu’à plus soif, en tête à tête avec sa peine. Mais c’était sans compter sur les gens qu’elle va rencontrer sur place et qui ne sont pas du tout décidés à la laisser tranquille : le couple qui lui loue le cottage, Abby et Jack, leur nièce Judith, joyeuse tornade venue de Dublin qui va l’obliger à se confier puis à sortir et enfin Edward, le neveu et voisin taciturne, colérique et torturé qui semble cacher plus d’un secret. En espérant se recroqueviller sur elle-même pour mieux disparaître, Diane va réaliser que c’est peut-être en foulant cette terre d’Irlande qu’elle apercevra enfin la lumière au bout du tunnel…

 

« Les gens heureux lisent et boivent du café »
Je me lance… Ou pas ?

 

La façon dont on accueille une lecture et les sensations qu’elle apporte avec elle sont toujours un grand mystère. Pour quelles raisons un livre nous parle et nous transporte alors qu’il laisse le voisin complètement de marbre, sur le carreau ? Si je n’ai pas de réponse à cette question, je ne peux pas m’empêcher de trouver que c’est une chose heureuse : si tout le monde aimait la même chose et avait le même avis sur tout et sur tout le monde, on se ferait bien ch*** notre existence serait bien terne ! Ouvrir un livre est toujours une aventure et comme dans toute expérience, ce qu’on veut vraiment, ce sont des (bonnes) surprises. Je ne m’attendais sincèrement pas à grand chose en entrant dans ce livre qui m’attirait de par sa couverture en noir et blanc et son titre que je trouve complètement inspirant… et poétique (si si, le café peut être poétique, croyez-moi ;)). Je savais qu’il était question de deuil dans les pages de ce roman et cette simple évocation suffisait déjà à m’aimanter littéralement. Pour le reste, je n’avais lu que très peu de critiques sur le sujet. Je suis donc entrée dans cette lecture sans idées préconçues, sans préjugés : avec juste l’envie de découvrir.

 

Et là, la claque. J’ai littéralement adoré. Tout. De A à Z. D’abord la simplicité. C’est épuré, ça va droit au but et au cœur. Ça ne se veut pas grandiose : c’est juste touchant. Tous ceux qui auront connu la perte se reconnaîtront dans cette absence de fioriture. Je crois que ça ne m’aurait pas autant touché si cela avait été plus alambiqué. C’est justement cette absence de surplus qui va droit à l’émotion. Si je devais parler de la peine, j’utiliserai probablement les mêmes mots : ceux qui parlent à tous… J’ai sauté à pieds joints dans la douleur de Diane, l’héroïne, et je l’ai regardé doucement revenir à la vie. Il semble clair que ce roman, très simple en apparence, suscite des avis très tranchés : soit on aime, soit on déteste. J’ai lu beaucoup de chroniques après ma lecture pointant du doigt l’écriture médiocre, l’histoire cousue de fil blanc et les personnages jugés caricaturaux. Dire que je ne suis pas du tout d’accord est un euphémisme ! Comme je viens de l’expliquer, un style simple n’est pas du tout synonyme à mes yeux de médiocrité. Certains auteurs sont réputés pour mal écrire et clairement, je ne mettrai pas Agnès Martin-Lugand dans cette liste. L’histoire quant à elle se lit d’un trait : tout est fluide, les péripéties s’enchaînent avec intelligence, subtilité et goût.

 

J‘ai aimé que l’auteure nous emporte droit à l’essentiel, sans longueur ni redondance. Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, tournant les pages avec fièvre et tombant littéralement amoureuse des personnages au fil des chapitres. Il est vrai que leurs caractères sont très dessinés mais à aucun moment je ne les ai trouvé stéréotypés, loin de là. Ils m’ont semblé au contraire attachants et incroyablement humains avec leurs faiblesses et leurs fragilités. Pas un seul ne m’aura agacé (hormis les parents de Diane que j’ai trouvé juste ignobles et malheureusement très réalistes…), ce qui relève clairement du miracle ! J’ai aimé leurs sentiments désarmants et criants de vérité face à la souffrance. J’ai lu que certains trouvaient « étrange » la façon qu’à Diane de revenir aussi « rapidement à la vie » une fois en Irlande. Je ne suis une fois de plus pas du tout d’accord. Doit-on se terrer chez soi à tout jamais et allumer des bougies à leurs mémoires pour honorer nos morts ? Les aimera-t-on davantage en s’empêchant définitivement le droit à l’amour, au plaisir, à la joie ou tout du moins à l’apaisement ? Rester éternellement la veuve éplorée que chacun attend naturellement d’une jeune femme qui vient de perdre époux et enfant fera-t-elle d’elle une meilleure personne ? Une femme plus respectable ? Et pour qui, d’ailleurs ? J’ai aimé justement cette vérité toute nue, aussi belle que désarmante : l’être humain ne peut vivre sans sentiment, sans émotion, quels qu’ils soient. Quoi que l’on fasse, qu’on le veuille ou non, que l’on lutte de toutes nos forces ou pas, la vie reprend toujours ses droits. Et on a beau fermé les volets, le soleil brillera toujours juste derrière…

 

Ça n’en est pas moins vrai toutefois : on sent malgré tout certains tournants venir de (très) loin. On les attend même (en tout cas pour ma part !). Mais là où on pourrait penser justement que le roman manque d’originalité (ou du moins de subtilité), se dirigeant volontiers vers la facilité, la fin (ouverte comme j’aime) surprendra tout le monde, bifurquant d’un coup d’un seul, nous amenant vers quelque chose de totalement inattendu mais de plus plausible que ce qui s’ébauchait. J’ai trouvé ce choix intelligent et courageux. Diane reste fidèle à elle-même de bout en bout mais s’autorise enfin l’ébauche – sinon le droit – de revivre sans les siens (et sans culpabilité) malgré la difficulté à leur dire adieu sans les trahir. Dire que j’ai trouvé cela bouleversant est très loin de la réalité (j’ai bien regardé et un morceau de mon cœur est resté coincé entre les pages du roman, c’est dire ;)).

 

Pour conclure, cette lecture a été une réelle claque, bien plus bouleversante à mon sens que « Juste avant le bonheur » (je m’en rends compte après coup) qui m’avait pourtant déjà bien touché. J’y ai trouvé (même si ces deux romans ne sont, à mon sens, pas comparables) bien plus de profondeur, moins de superficialité. Le rendu est beaucoup moins « clinique ». Les émotions ne sont pas juste effleurées. On les creuse littéralement, allant chercher ce qu’il y a de plus beau en elles. Ça remue… Mais Dieu que ça fait du bien. Quand je vous disais que chaque lecture était une surprise ! « Les gens heureux lisent et boivent du café » m’a transporté à un point qu’il est difficile de nommer. Peut-être parce que ses nombreux thèmes (la perte, la douleur, le deuil, la survie, la renaissance…) sont tout bonnement universels. Il y est questions d’événements et d’émotions face auxquels nous sommes tous égaux, auxquels on n’échappera malheureusement pas et qui ne peuvent que nous toucher. C’est un miroir ouvert sur nos propres angoisses : comment survivre à la perte des personnes qu’on aime le plus au monde ? Comment s’en remettre et continuer à avancer sans eux ? Comment apprivoiser cette douleur suffocante, insupportable, plus forte que tout le reste et dévastant tout sur son passage ? La réponse aujourd’hui me semble évidente : on ne le peut pas. Mais le temps fait son œuvre, toujours. Un matin, on a un peu moins mal. On se remet à sourire et, passées les premières notes de culpabilité, cela fait du bien… Juste du bien.

 

« J’ÉTAIS BIEN, JE NE ME SENTAIS PLUS OPPRESSÉE.
LA VIE REPRENAIT SES DROITS ET JE NE VOULAIS
PLUS LUTTER CONTRE… »

 

 

Un (léger) sentiment d’insécurité

 

Hello mes petits combattants !

 

Tout le monde sera d’accord (du moins je l’espère) pour dire que naître femme ne devrait JAMAIS sonner comme une malédiction. Il n’empêche que dans certaines parties du monde, venir au monde dans un corps féminin sonne comme la pire catastrophe sur Terre. Même si les disparités concernant les droits des femmes sont énormes au quatre coins du globe, il s’avère que chaque femme à son niveau et quel que soit son pays ou sa culture rencontre encore aujourd’hui des « difficultés » liées à son sexe à un moment de sa vie. Qu’il s’agisse d’un écart de salaire ou d’une impossibilité à gravir les échelons dans une entreprise (quand il ne s’agit pas tout bonnement d’une impossibilité à accéder à l’Enseignement, à l’Education ou à la Culture), de mariages forcés, d’excisions, de viols ou d’agressions sexuelles, de violences conjugales (avec tout ce que cela englobe : violence physique, psychologique, viol entre époux…) ou encore de harcèlement de rue, les chiffres sont assez parlants et assez alarmants pour qu’on réalise nettement que quelque chose ne tourne pas rond (sans blague ?) dans notre monde.

 

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A côté de ça, nous avons « gagné » des luttes inestimables et qui, il y a encore quelques décennies, semblaient totalement inatteignables. Il aura fallu attendre 1919 pour qu’une fille puisse faire des études à l’université. 1943 pour qu’elle puisse ouvrir un compte en banque sans l’autorisation de son mari (!). 1944 pour obtenir le droit de vote et d’éligibilité. ­1966 pour pouvoir exercer une activité professionnelle sans le consentement dudit mari (encore lui !). 1967 pour recourir enfin légalement à la contraception. 1979 pour avoir le droit de disposer de son corps et de recourir à l’IVG. Le pire, c’est que ce n’était même pas il y a trois siècles : c’était hier. C’est aujourd’hui…

 

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Quand je regarde cette frise chronologique, ce n’est malheureusement pas la fierté qui me saute aux yeux et à la gorge en premier lieu mais surtout l’incrédulité. Car les femmes ont toujours été sous « contrôle » d’une manière ou d’une autre et aujourd’hui encore, nous devons lutter de toutes nos forces pour rappeler aux autres que nous ne sommes ni moindres ni amputées. Comme n’importe quel être humain, nous avons de la valeur. Nous ne sommes ni meilleures, ni moins biens que nos homologues masculins : juste nous-mêmes. A armes égales. Et il serait grand temps de le comprendre. Oui, nous avons gagné le droit de porter des pantalons (!!), d’éclater de rire dans la rue si nous le souhaitons, de divorcer (et de se remarier !), d’occuper des postes à responsabilité, de bricoler, de vivre seul (et pour soi !), de ne plus être uniquement une épouse et une mère (et surtout de ne jamais l’être si c’est ce que nous souhaitons), de ne plus être une petite chose frêle (faible ?) et délicate (sans défense ?) qui ne saurait avoir d’avis sans l’époux choisi (dans le meilleur des cas) et qu’il faut respecter. N’en déplaise à certains. Les choses ont changé… mais à quel point ? Combien de combats déjà gagnés mais de luttes encore à venir pour enfin faire admettre nos droits et notre égalité ?

 

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Je passe maintenant d’une gigantesque échelle (le monde), à une échelle microscopique (mon monde). Je travaille depuis plusieurs années maintenant dans un lieu fréquenté à 90 % par des hommes. Mes horaires de travail ne sont pas fun : lorsque je suis de fermeture, il est presque minuit lorsque je quitte les lieux. Les locaux de l’entreprise sont situés loin de tout (traduction : s’il vous arrive quelque chose, vous pouvez toujours hurler. On ne vous entendra pas…) et le parking pour rejoindre ma voiture n’est pas éclairé (#ambianceglauquebonsoir). Hormis quelques caméras (!), l’entreprise ne met rien à disposition de ses employés pour assurer leur sécurité. J’assure les fermetures en solo (on est quand même plus fort à deux comme le dit le proverbe), sans gardien, sans personnel dédié à la sécurité, sans maître-chien. Livrée à moi-même, et donc aux autres s’ils le veulent. Sans tomber dans la paranoïa, tout pourrait arriver : un braquage, une agression, un viol ou tout simplement un accident (tomber dans les escaliers ou faire un malaise sans que personne ne soit au courant et sans pouvoir alerter qui que ce soit). Comme dans tant d’autres entreprises, on attend probablement qu’un drame arrive (puisqu’il faut en arriver là) pour donner enfin des moyens, humains comme financiers, à ses employés.

 

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Lorsque mon contrat a commencé, c’était une inquiétude récurrente. Je mettais les pieds en terre inconnue et sans avoir la peur au ventre, j’étais toujours sur mes gardes lors de ces fameuses fermetures. Quelques années plus tard, aucun accident n’est heureusement à dénombrer. Si les hommes ne sont pas toujours délicats-courtois-charmants-polis-voire-même-intelligents (je vous laisse choisir…), je suis la première à dire qu’il ne faut vivre ni dans la peur, ni se positionner en « victime ». Avoir peur d’eux signifierait qu’ils ont un ascendant sur nous et ce n’est absolument pas ma façon de voir les choses. Pour exemple, la clientèle sait pertinemment que nous sommes totalement seuls à la fermeture et pourtant, aucun ne s’est encore caché dans un recoin sombre pour nous sauter dessus à la sortie. Le monde n’est donc pas si horrible que ça… Du moins par moments ! De par ce quotidien « sans histoire », j’ai arrêté progressivement de me méfier. Je sors désormais du travail sans « peur », persuadée que rien ne peut m’arriver et que personne ne m’attendra jamais dans un recoin sombre. Je ne suis plus sur mes gardes. C’est pourtant stupide : près de 80 % des viols sont commis par des gens que l’on connaît et en qui on a confiance… Mais petit à petit, cette inquiétude m’a tout bonnement quitté. Juste comme ça. Balayée d’un revers de la main.

 

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Il y a quelques temps, une amie avec qui j’en discutais me disait justement que mon quotidien « sans histoire » me rendait peut-être un peu « trop » confiante. A force de n’avoir aucun problème (et heureusement !) et de trouver par conséquent les gens adorables (et donc inoffensifs), je ne prenais plus conscience des dangers qui peuvent malheureusement guetter les femmes. Cette amie a, notamment, été confrontée à un exhibitionniste il y a quelques années et en reste encore assez choquée aujourd’hui (ce qui se comprend parfaitement). Comme toujours, je lui ai répondu que je refusais de me positionner en « victime » uniquement parce que je suis une femme et que je refusais de vivre dans la peur. Que je ne ferais jamais partie de ce « sexe faible » dont on parle tant pour la bonne et simple raison que les femmes ne sont PAS faibles. Que le jour où je commencerai à changer d’attitude « de peur que… », alors ce monde qui transpire l’insécurité (c’est en tout cas comme ça qu’on nous le vend) aurait véritablement gagné. Non non non, je ne vivrais pas dans l’inquiétude ! Jamais. Vraiment ?

 

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Puis il y a quelques jours, alors que je réfléchissais à la tenue que je pourrais porter pour la soirée parisienne qui m’attendait le soir-même et à laquelle je me rendais en RER, une pensée s’est imposée à moi, juste comme ça : une robe ou une jupe à une heure tardive pourrait envoyer un « mauvais » message. Il valait mieux éviter. Ne pas tenter le diable dirons-nous (NB : attention, je ne pense absolument PAS qu’une femme qui s’est faite violer alors qu’elle portait une jupe est fautive ne serait-ce qu’une seule seconde). Et puis porter des talons ne serait de toute façon ni pratique, ni « sécurisé ». Si on était subitement obligé de courir (que ce soit pour attraper un train ou pour échapper à quelqu’un) on le ferait toujours plus vite à plat que perché sur des échasses. Arrivée dans les transports, j’ai adopté sans même m’en rendre compte ma « posture de défense » : se tenir bien droit, regarder fixement au loin… mais sans regarder personne, justement. Et surtout ne pas sourire. Paraît-il pour l’avoir lu dans l’interview d’un expert en self-défense que la personne qui se positionne en victime interpelle d’abord dans sa posture. En pensant se faire « oublier », en se recroquevillant sur elle-même ou en regardant par terre, la personne attire en fait le prédateur. En gros, pour ne pas se faire emmerder, il suffirait d’avoir l’air de quelqu’un qui ne veut clairement pas qu’on l’emmerde. Vraiment. Aparté : je m’excuse d’ailleurs auprès du mec qui est venu me demander un mouchoir ce soir-là (visiblement, il faut que je revoie de toute urgence ma posture « Merci de ne surtout pas m’emmerder ») (si jamais tu me lis, ahah) et qui a dû se demander quel était mon problème (mais si je te jure, je suis vachement sympa dans la vie !) (il a tout de même eu son mouchoir hein, je ne suis pas sadique à ce point ;)).

 

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Puis en rentrant de ma soirée, installée dans un wagon du dernier RER en partance de Paris pour la banlieue (où je choisis toujours une rame bien remplie histoire de ne pas être trop seule…), je me suis dit qu’il faudrait réellement que je m’achète un sifflet, depuis le temps que j’en parle (si tu l’ignores lecteur, le sifflet est largement recommandé en cas d’agression. La peur coupant souvent le sifflet de la victime (oui, j’ai avalé un clown ce soir), cet accessoire aurait alors deux fonctions : effrayer l’agresseur qui ne s’attend certainement pas à se prendre un son strident dans les oreilles et avertir les gens qui potentiellement seraient dans le quartier et voudraient vous secourir (l’espoir fait vivre). Puis j’ai repensé à ces stages de self défense qui me font justement de l’oeil depuis un moment : pouvoir apprendre quelques techniques d’auto défense comme ça, « juste au cas-où ». Pour être tranquillisée. Lorsque le RER est enfin arrivée à ma station, j’ai eu les mêmes réflexes que d’habitude : éteindre mon MP3 mais ne pas enlever les écouteurs de mes oreilles (pour avoir conscience de ce qui se passe autour de moi ni vu ni connu), serrer ma bombe lacrymo dans ma main droite, au fond de ma poche (celle que j’ai depuis si longtemps que je me dis qu’elle ne marchera probablement pas le jour où j’en aurais besoin… !) puis préparer ma clé de voiture dans ma main gauche. Quand les portes du wagon se sont enfin ouvertes, j’ai marché d’un pas rapide vers ma voiture et je n’ai pas manqué de m’enfermer à l’intérieur à peine assise dedans. Et je me suis dit que, sans sombrer dans la paranoïa (à peine !), il y avait tout de même un léger sentiment d’insécurité dans l’air.

 

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A ce stade (si vous êtes toujours là, chapeau bas ;)), vous vous demandez peut-être où je veux en venir avec cet article fleuve. Comme très souvent quand je ressens le besoin irrépressible d’écrire sur un sujet un peu plus sérieux que d’ordinaire et qui me touche, je ne suis même pas certaine de le savoir moi-même. Je cherche mes mots, je les retourne dans mon esprit pour mieux les apprivoiser, de peur que mon message ne soit trop ambigu ou tout bonnement incompréhensible. Et puis d’autres blogueuses ont déjà parlé (et merveilleusement) du harcèlement de rue, du quotidien et des droits des femmes bien avant moi. Jusqu’à présent, je ne me sentais pas réellement légitime pour m’exprimer sur le sujet : je fais partie de ces femmes chanceuses qui n’ont jamais rien vécu d’horrible (mais de nombreuses femmes autour de moi, pour certaines très proches, n’ont malheureusement pas eu cette chance…). Pas d’agression, pas de viol, pas d’attouchement. Juste le lot quotidien : se faire klaxonner dans la rue par des hommes qui ne voient que notre côté pile (NDLR : notre cul), se prendre quelques phrases gratuites et insultantes en pleine face (et, sous le choc, manquer de réparti). Dans le pire des cas, se prendre une main aux fesses (et avoir la nausée). De ce fait, j’ai toujours pensé que ma parole n’avait pas de valeur. Pas de poids. Puis j’ai compris que ce qui était grave justement, c’est de se dire que ça ne l’était pas. Que ce n’était pas « grand chose » finalement. Être prise à parti en pleine rue alors qu’on a rien demandé à personne, ce sera toujours grave. Avoir peur de sortir ou de rentrer chez nous à une heure tardive parce que nous ne nous sentons pas en sécurité, ce sera toujours grave. Et inacceptable.

 

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Alors je continue de m’interroger sur mon ressenti : devons-nous parler de méfiance (légitime), d’un brin de paranoïa (nécessaire) ou tout simplement de prévoyance (voire de clairvoyance !) dans ces comportements, dans ces réflexes que l’on est obligé de s’imposer quotidiennement ? Qu’on ne s’impose plus d’ailleurs, tant nous les avons intégré à notre quotidien teinté de méfiance en l’autre. Comment en sommes-nous arrivées là, d’accord sur le fait évident que tous les hommes ne sont pas (dieu merci) des agresseurs en puissance mais obligées, implicitement tout du moins, de nous méfier de tout, encore et toujours ? De garder un œil sur nos verres en soirées ? De choisir scrupuleusement nos tenues pour qu’on ne vienne pas nous les reprocher ensuite ? Suis-je moi-même hypocrite de me revendiquer féministe et forte et d’affirmer qu’il ne faut pas se sentir en danger dans un environnement que je connais et que je pense maîtriser mais d’être aux aguets en permanence et plus effrayée que je ne voudrais l’avouer dès que je mets un pied dans l’inconnu ? Doit-on se convaincre que le monde est foncièrement bon quitte à se brûler les ailes d’avoir fait trop confiance ou vaut-il mieux se méfier pour ne pas avoir à se dire ensuite « si j’avais su… » ? J’ai beau savoir que je ne referai pas le monde, je ne peux m’empêcher de rêver à une société où l’on pourrait enfin rentrer paisiblement chez nous à 4h du matin, à pied si nous le souhaitons, croiser un groupe composé du sexe opposé sans frissonner, sans avoir à changer de trottoir car oui, on ne sait jamais, nous ne sommes pas à l’abri, il vaut mieux être prudent… Un monde où une femme, quel que soit son âge, ses origines, sa culture, n’aurait pas à se sentir en danger ou à craindre pour sa vie juste parce qu’elle est née dans une moitié d’humanité qu’elle n’a pas choisi.

 

« APRÈS AVOIR ÉTUDIÉ LA CONDITION DES FEMMES
DANS TOUS LES TEMPS ET DANS TOUS LES PAYS,
JE SUIS ARRIVÉ A LA CONCLUSION QU’AU LIEU DE
LEUR DIRE BONJOUR, ON DEVRAIT LEUR DEMANDER PARDON »

(Alfred de Vigny)

 

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J’ai lu… « Juste avant le bonheur » d’Agnès Ledig (une lecture bouleversante, un coup de coeur ♥)

 

Hello mes petits marque pages !

 

Il existe décidément des livres qui font du bien, des livres qui semblent n’avoir été créés que dans le but de nous rappeler que la vie est belle. Qu’elle peut être cabossée, pleine de bosses, nous remuer dans tous les sens et même nous faire pleurer, à force d’épreuves, mais qu’elle reste une merveilleuse aventure pleine de surprises. Et qu’il ne faut surtout pas abandonner, jamais, même lorsqu’on est à bout de souffle, car il serait terriblement dommage de passer à côté. C’est en tout cas le message puissant et inspirant que je retiens en refermant « Juste avant le bonheur », ce livre sublime d’Agnès Ledig, Prix Maison de la Presse en 2013, qui semble faire l’unanimité dans le cœur des lecteurs (et pour cause !).

 

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« Juste avant le bonheur »…
Se plonger dans l’histoire

 

Julie n’a pas tiré la carte « chance » au grand loto de la vie. A l’âge de 17 ans, elle tombe enceinte alors qu’elle était promise à un brillant avenir. Délaissée par le « papa d’un soir » qui ne veut pas assumer ses responsabilités et par ses parents, elle est obligée d’arrêter ses études et de prendre un job alimentaire pour assumer son quotidien et celui de son fils, Ludovic, son petit trésor, la lumière qui l’oblige à tenir jour après jour. Trois ans plus tard, Lulu fait toujours son bonheur mais chaque jour est un combat pour la jeune femme : un employeur pervers et manipulateur, un travail de caissière dans un supermarché plus que routinier, des fins de mois particulièrement difficiles où aucun plaisir n’est permis…

 

Un jour plus sombre que les autres, un homme se présente à sa caisse et est ému par une larme, furtive, qui s’écrase sur la joue de la jeune fille. Les galères, lui-même les connaît : s’il est à l’abri du besoin économiquement parlant, Paul n’en est pas moins cabossé par la vie. Après trente ans de mariage, sa seconde épouse vient juste de le quitter et à 50 ans passés, le voilà forcé d’apprendre à cuisiner, à faire le ménage et même à faire les courses ! Entre les deux personnages, la discussion s’installe – d’abord teintée de méfiance du côté de Julie puis petit à petit d’un profond respect – tant et si bien que Paul lui propose de les emmener, elle et son Lulu, dans sa maison en Bretagne pour découvrir la mer et goûter au bonheur de quelques jours de vacances. Loin de tout. Cela fait longtemps que la jeune femme ne croit plus aux contes de fées et encore moins en la bonté humaine. Pourtant, pour son fils, elle accepte la main que lui tend Paul et décide de recommencer à croire en la générosité. Ce voyage en Bretagne en compagnie du fils de Paul, Jérôme, qui vient juste de perdre son épouse, pourrait bien marquer un tournant dans la vie de ces quatre personnages incroyables…

 

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« Juste avant le bonheur »…
Je me lance ou pas ?

 

Il y aurait tellement à dire sur le roman extraordinaire qu’est « Juste avant le bonheur »! Mais ce qui résumera le mieux mon sentiment est certainement l’émotion à fleur de peau qui m’a porté tout au long de ma lecture. Pourtant, alors que j’étais en pleine découverte de ce petit bijou (et même avant de m’y plonger d’ailleurs), je suis malheureusement tombée sur plusieurs chroniques (toujours très émouvantes et inspirées par ailleurs) qui dévoilaient l’intégralité de l’histoire et surtout ses moments clés (et dieu sait qu’il y en a un certains nombres qui laissent tout simplement bouche bée dans ce roman) (ça m’apprendra à être curieuse ! ;)). Si je ne suis jamais allée au bout de ces articles, désireuse de conserver un peu de suspense, j’avais malheureusement lu l’événement, LE tournant qu’il aurait été bon – à mon humble avis – de garder secret jusqu’au bout. Je comprends parfaitement que, portée par l’émotion, on puisse se laisser aller aux confidences en rédigeant la chronique d’un livre qui nous a littéralement porté. J’ai moi-même sans arrêt la sensation d’en dire beaucoup trop (et je sais que c’est le cas !) et j’essaie de me censurer autant que faire se peut ! Toujours est-il qu’après ces révélations de taille, je me suis tout de même sentie frustrée, comme si l’on m’avait un peu « dérobé » mes émotions et mes découvertes à venir (qu’on se rassure : il n’y a pas mort d’homme et je m’en suis parfaitement remise). Je me suis même dit furtivement qu’il ne servait à rien de poursuivre ma lecture alors que je savais quasiment tout de ce qui allait arriver. Mais, comme aimantée par cette histoire superbe, je n’ai pu m’y résoudre. J’ai été si émue par ce qui a suivi que je me suis naturellement demandée qu’elles auraient été mes réactions en étant restée dans l’ignorance la plus totale. Je ne le saurais jamais mais une chose est certaine : je ne regretterai jamais d’avoir été jusqu’au bout.

 

Ce roman n’est pas seulement d’une beauté rare. J’ai aussi trouvé sa construction très intelligemment travaillée. Lorsque Paul rencontre Julie, j’ai d’abord été aussi méfiante et sceptique que la jeune fille. Je me suis demandée ce qu’il lui voulait, ne trouvant absolument pas naturelle cette main tendue par un parfait inconnu (au portefeuille bien rempli de surcroît : depuis Richard Gere dans « Pretty Woman », on ne me la fait plus !). Les anges gardiens tombés du ciel qui accomplissent des miracles sans rien attendre en retour, ça n’existe normalement que dans les romans. Cela tombe bien puisque nous sommes justement en train d’en lire un ! ;)). Réaction assez symptomatique de notre société pourrie déshumanisée, je me suis immédiatement demandée ce qu’un homme de 50 ans cherchait en se rapprochant d’une gamine de 20 ans (#jevoislemalpartout). Lorsque Julie accepte de partir en Bretagne avec cet homme qu’elle connaît à peine, je me rappelle avoir pensé que cette petite avait soit :

 

1) un sacré goût du risque (ou un sens de l’humour très développé, au choix)
2) qu’elle ne regardait visiblement pas assez de reportages sur la psychologie des serial killer à la télé
3) qu’elle n’avait vraiment (mais vraiment) plus rien à perdre (et donc tout à gagner à sniffer à grandes goulées l’iode des plages de sable breton).

 

Au début donc (mais juste au début !), j’étais un chouïa sceptique, ce qui n’a fait que se confirmer lorsque le personnage de Jérôme apparaît dans le paysage. Je voyais déjà venir de loin la romance gnan gnan, facile et salutaire qui permettrait à chacun de cicatriser dans les bras de l’autre. Quelle brillante Agnès Ledig qui nous emporte là où elle le veut bien avec force et talent ! Car la vérité, c’est qu’on ne voit absolument RIEN venir de ce qui se prépare dans l’ombre. Et subitement, la claque surgit… On est entraîné dans un tourbillon d’émotions diverses et parfois contradictoires au vue des événements qui se jouent sous nos yeux. D’abord la beauté d’une amitié qui grandit, de vrais soutiens qui se créent et se révèlent autant de piliers au quotidien pendant les jours gris. Ensemble, les héros retrouvent le sourire, réapprennent à apprécier les petits riens qui font tout le bonheur de la vie. On les regarde renaître avec le sourire aux lèvres. Tous sont attachants mais jamais naïfs, désespérément humains sans jamais être mièvres. Julie par exemple aurait pu être décrite comme la parfaite petite mère courage émouvante à souhait, d’autant plus au regard de son très jeune âge (et de sa situation qui ne fait tout de même pas rêver). Mais c’était sans compter sur Agnès Ledig qui refuse la facilité et ne tombe à mes yeux jamais dans la « caricature » ni dans l’excès avec ses personnages.

 

La force de ce roman unique tient donc aussi à son réalisme : leurs peines, leurs tragédies pourraient être les nôtres. Elles le sont d’ailleurs et c’est ce qui fait qu’ils nous émeuvent tant. Puis, sans même qu’on ait pu l’imaginer, l’histoire bascule subitement et nous sommes confrontés à l’inacceptable, à l’inconcevable. Comme si parfois, le destin prenait plaisir à s’acharner sur les êtres qui en ont déjà vus de toutes les couleurs (OH WAIT : c’est justement le cas me glisse-t-on dans l’oreillette !). Le tournant qu’opère alors le roman est bouleversant et crève littéralement le cœur. Si je n’ai pas versé de larmes, j’ai surtout été très en colère du déroulement totalement injuste de l’histoire qui prend plaisir à chambouler tant les personnages que les lecteurs. Je me suis beaucoup interrogée sur ce que nous enseigne le livre et surtout sur ce constat frappant : faut-il perdre beaucoup pour avoir le droit d’être heureux ? Le bonheur est-il proportionnel à la façon dont on en bave ? Comme si un bon génie sortait de sa lampe au bout d’un (long) moment et nous murmurait qu’après toutes ces galères, on avait enfin mérité nos trois vœux… (Mieux vaut tard que jamais cela dit). C’est aussi saisissant que déstabilisant. Tantôt forts, tantôt fragiles, j’ai particulièrement apprécié qu’Agnès Ledig réussissent à émouvoir grâce à ses personnages sans jamais faire pleurer dans les chaumières (ce qui aurait pourtant été très facile !). A travers ces nouvelles épreuves particulièrement éprouvantes auxquels ils se retrouvent confrontés sans préavis, les héros ne vont pas avoir d’autres choix que de trouver un nouvel échappatoire, un autre chemin vers le bonheur. Ce qui a changé ? Ils n’avancent plus seuls comme avant et peuvent désormais compter les uns sur les autres… Mais cela sera-t-il suffisant ?

 

J‘ai vraiment dévoré « Juste avant le bonheur », transportée tant par l’histoire que par ses personnages émouvants et les différents rebondissements qui donnent énormément de relief au roman. On pourrait croire qu’il faut se munir obligatoirement d’une grosse boite de mouchoirs pour s’y plonger (et ce n’est pas totalement faux toutefois !) mais ce serait une erreur de penser que ce livre est seulement larmoyant. Comme lors de ma lecture de « Complètement Cramé » par Mr Legardinier, j’en retire que nous sommes bien peu de choses lorsque nous sommes seuls et que l’union fait (vraiment !) la force. Finalement, tout tient à ses rencontres qui changeront notre vie (à moins que ça soit nous qui changions celles des autres ?!) et qui nous porteront vers la lumière, le bout du tunnel. En ce sens, « Juste avant le bonheur » est un vrai beau livre, au sens le plus noble du terme. Ce roman est d’autant plus beau qu’il repose sur une vérité qu’on ne répétera jamais assez : l’être humain peut se relever de tout. Il faut se ménager, prendre le temps de cicatriser évidemment. Mais on survit et on avance, encore et encore. Oui, on se relève de tout : même du pire. Même de ce qu’on imagine pas. A mi-chemin entre « Je vais bien, ne t’en fais pas » d’Olivier Adam et de « Ensemble c’est tout » d’Anna Gavalda, « Juste avant le bonheur » a l’envergure de ces petites pépites de la littérature. Je ne saurais que conseiller à tous de s’y plonger au plus vite, surtout à ceux qui penseraient ne plus avoir la force de continuer… Son message, d’un optimisme à toute épreuve, distille de l’espoir en intraveineuse : la douleur peut-être suffocante, intolérable. Mais on peut s’en sortir. Si vous pensez qu’une bonne dose d’espoir et de souffle de vie ne seraient pas de trop en ces temps compliqués, courrez dans la première caverne d’Ali Baba venue (traduction : dans une bonne librairie ;)) et réfugiez-vous au cœur des pages de « Juste avant le bonheur ». Réconfort garanti…

 

« UN PROVERBE ARABE DIT : « NE BAISSE PAS LES BRAS,
TU RISQUERAIS DE LE FAIRE DEUX SECONDES AVANT LE MIRACLE ».

 

J’ai lu… « Un avion sans elle », de Michel Bussi (verdict : crash test or not ?!)

 

Hello mes petits détectives !

 

Dieu sait que je lis énormément (vous avez dû légèrement vous en rendre compte depuis le temps !). Un peu de tout et surtout sans élitisme aucun. Mais s’il existe un genre littéraire sur cette Terre dans lequel je ne m’aventure qu’à reculons, c’est bien le terrain policier. Il y a pourtant d’excellents auteurs de polars, lus et reconnus de par le monde, qui font trembler dans les chaumières et dresser quelques poils de bras. Mais de mon côté, sans que je ne m’explique vraiment pourquoi, les policiers m’ennuient terriblement et me font surtout bailler aux corneilles. J’ai beau faire, je n’y suis pas (du tout) sensible. Comme avec les hommes, je n’ai peut-être pas encore eu le coup de foudre dirons-nous… ;)). Alors de temps en temps, j’en lis un, pleine d’espoir, espérant déjouer la malédiction et être enfin transportée. Si je suis honnête, on ne peut pas dire que cela fonctionne vraiment jusqu’à présent mais comme pour le coup de foudre, je continue d’y croire envers et contre tout ! (#optimisme)

 

On m’avait vanté les mérites de ce cher Michel Bussi dont les romans à suspense étaient, paraît-il, de vraies petites pépites. Il fallait être sourd et aveugle par ailleurs pour ne pas entendre parler des romans prometteurs de cet auteur dont les livres s’arrachaient (et s’arrachent encore) comme des petits bains beurrés ! Devant les critiques pleine d’enthousiasme à l’égard d’ « Un avion sans elle », j’avais décidé de tenter ma chance (comme au casino), espérant que cette lecture m’enverrait directement au 7e ciel. N’ayant lu que des éloges à son sujet, je me préparais véritablement au choc de ma vie, celui qui me donnerait enfin envie de lire des polars, encore et encore, et de ne faire que ça ! Comme trop souvent malheureusement, l’histoire – pourtant prometteuse – m’a laissé sur ma faim. Retour sur ce qui ressemble à s’y méprendre à un crash en plein vol…

 

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« Un avion sans elle »…
Entrer dans l’histoire

 

Dans les années 80, une terrible catastrophe aérienne a lieu au sommet du Mont Terrible. Le bilan humain est énorme : on ne dénombre qu’une seule survivante qui a le mérite d’émouvoir l’opinion : un bébé de trois mois, adorable petite fille aux yeux azurs, retrouvée indemne aux côtés de la carcasse de l’appareil. Deux familles se revendiquent alors immédiatement tributaire de cette miraculée à l’identité bien mystérieuse et se livrent dès lors une bataille juridique sans merci. Les De Carville d’un côté, riche dynastie à laquelle rien ni personne ne saurait résister et les Vitral de l’autre, modeste famille propriétaire d’un camion à frites n’ayant rien d’autres à offrir que la force de leur conviction, se rêvent déjà en grands-parents de la petite merveille.

 

Alors que la justice tranche malgré l’absence de preuves irréfutables, les De Carville engagent dans la foulée Crédule Grand Duc (si si, vous avez bien lu), détective privé de son état, grassement payé pour reprendre à zéro l’affaire du Mont Terrible qu’ils jugent comme une terrible affaire judiciaire. Durant 18 ans, l’homme va donc refaire l’enquête et consigner dans un cahier tous les détails de l’affaire… Jusqu’à ce qu’il soit lui-même assassiné, juste après avoir enfin eu l’illumination tant attendue et découvert la véritable identité de celle que tous nomment « Libellule ». Mais qui est-elle vraiment ? Lyse-Rose de Carville ou Émilie Vitral ? Soeur de Malvina de Carville ou de Marc Vitral ? Cette sombre histoire est-elle réellement un simple coup du destin ou quelqu’un, dans l’ombre, tirerait-il les ficelles machiavéliques de tout ceci ?

 

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« Un avion sans elle »…
Je me lance ou pas ?

 

Avant de se lancer dans la lecture d’ « Un avion sans elle », il faut savoir que ce roman fait tout de même 570 pages (une broutille donc !). Si vous vous sentez découragé (ou encore essoufflé, épuisé voire même carrément éreinté !) rien qu’à la lecture de cette phrase, je ne vous conseillerais guère de vous lancer dans cette lecture pour le moins énorme. Si de mon côté la découverte de pavés ne m’a jamais dérangé (quand on a lu « Les Bienveillantes » de Jonathan Littell et ses 1403 pages, je crois qu’on peut réellement tout lire…), j’attends tout de même qu’il ressorte quelque chose de ce longgggg tête à tête avec le livre (car on en passe quand même pas mal de temps ensemble ;)). Bien que je le déplore, cet ouvrage qui est pourtant plein de qualité à la base (le scénario a le mérite d’être pour le moins original) ne m’aura pas du tout captivé. Il y a quelques années, j’aurais d’ailleurs lâché l’affaire depuis bien longtemps déjà. Puis je suis devenue une lectrice maso tenace, persuadée qu‘il y a toujours quelque chose à tirer d’une lecture et qu’il serait dommage de quitter l’aventure trop tôt. Alors j’ai insisté, dans l’unique but de savoir si oui (ou m****) cette petite était Émilie Vitral ou Lyse-Rose de Carville. Lorsque la conclusion est arrivée (et bien que j’ai senti venir la chose de loin avec mon petit nez de fouine de détective), j’ai été plutôt catastrophée. La première chose qui m’est venue à l’esprit est la suivante : « TOUT ÇA POUR ÇA, SÉRIEUSEMENT ?! ». Hé bien oui, tout ça pour ça… L’intrigue était pourtant cool (allez savoir pourquoi : depuis la série LOST, je me passionne pour les crashs aériens) mais le roman était définitivement trop longggg à mon goût (y’aurait-il un écho ?). En réalité, j’ai trouvé le récit mou, mou, mou. Tout traîne en longueur et l’alternance des différents points de vue n’apporte malheureusement rien de bien passionnant à l’ensemble. Bien que le style soit simple et la lecture fluide, j’ai avancé lentement dans ma lecture, pataugeant de-ci de-là et me forçant carrément à poursuivre.

 

Les longueurs ne m’auraient pourtant pas forcément dérangé si les personnages avaient été captivants et bien dessinés. Mais là à nouveau, (grosse) déception : j’ai trouvé les psychologies choisies infiniment creuses et surtout bien trop stéréotypées. Chez Michel Bussi, tout est binaire. Les riches sont de méchants vilains pas beaux et surtout horriblement malhonnêtes et calculateurs. Les pauvres quant à eux ne sont pas seulement beaux. Ils ont aussi pour eux l’intelligence, la grâce et la beauté du cœur (tant qu’à faire). Comme c’est commode ! Le côté psychologique qui aurait pu sauver les meubles est donc, en plus d’être très peu exploité, tristement caricatural. On parle à peine de Lily qui est pourtant le personnage central du roman. Je peux comprendre ce parti pris de l’auteur de laisser planer le mystère autour de sa personne (elle est après tout LE cœur du roman). Mais il y a tout de même des limites. D’elle, on ne sait strictement rien. Il aurait été si intéressant pourtant de creuser son opinion, de connaître ses pensées et ses émotions… ! De questionner son intime conviction sur son passé et sur cette quête d’identité qui la poursuivent. Malvina de Carville est finalement le personnage qui m’aura le plus intéressé, et pourtant ça n’était clairement pas gagné si l’on s’en tient à sa grossière description en début de livre ! Quant au détective Crédule Grand Duc (un nom pareil, ça ne s’invente pas : à croire que depuis Rouletabille, on sèche visiblement pour donner des noms originaux aux enquêteurs de tout poil…), ses écrits m’auront définitivement perdue en route. Il est vrai que la course contre la montre de Marc Vitral pour connaître la vérité est haletante et on se prend au jeu de l’enquête, évaluant tour à tour toutes les possibilités qui s’offrent à nous. Mais cela n’a pas suffi et j’ai vu arriver la fin tant attendue avec soulagement.

 

Au risque de passer pour l’extra-terrestre de base, je n’ai donc pas partagé l’enthousiasme débordant des foules au sujet de ce livre (et je le regrette !). Michel Bussi est pourtant l’un des auteurs qui se vend le mieux en France aujourd’hui mais je n’aurais malheureusement pas succombé au charme de son livre. Peut-être ceci est-il d’abord dû à la réticence que j’éprouve naturellement envers les polars (#jeveuxbienprendrelaresponsabilité). Mais je crois aussi que la trop grande longueur du livre et les (trop) nombreuses pages qui y font office de remplissage auront suffi à me lasser. Je reste pourtant persuadée que l’intrigue – vraiment sympa au demeurant – aurait pu aboutir à une belle surprise (juste avec 300 pages de moins et une fin moins bateau !). Mais je n’aurais finalement pas été convaincue… J’ai en ma possession un autre livre de cet auteur (« N’oublier jamais ») : reste à savoir si j’aurai le courage d’infirmer (ou de confirmer !) la tendance en le lisant… Affaire à suivre !

 

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J’ai testé pour vous… Apprendre une langue avec Babbel (ou plutôt essayé – restons modestes !)

 

Hello mes petits polyglottes !

 

* ceci n’est pas un article sponsorisé

 

Je ne suis pas certaine de vous avoir déjà parlé de tous les rêves que je veux ABSO-LU-MENT réaliser dans ma vie (d’un autre côté, ça ne serait possible que si vous aviez deux ou trois heures devant vous, qu’on en parle autour d’une petite tasse de thé quand même !). Si l’on met de côté quelques petites idées fantaisistes (au hasard : faire du chien de traîneaux dans les steppes de Russie et boire de la vodka avec ses compatriotes), on parvient à trouver dans mon immense liste quelques petites choses un chouïa plus réalisables. Parmi celles-ci ? Je rêve d’être polyglotte. Parler avec n’importe qui, sans que la langue ne soit un quelconque obstacle, voilà qui me botte carrément ! Si vous voulez mon avis, on devrait d’ailleurs tous naître avec cette faculté (#pourquoisecompliquerlavie). Premier problème : comme la majorité des Français, on ne peut pas dire que je sois très copine avec l’apprentissage des langues étrangères. Pendant ma scolarité, mon niveau était correct, ni mauvais ni excellent. Je savais baragouiner un peu de tout sans être parfaitement bilingue (euphémisme !). Puis j’ai fini mes études et comme de nombreuses personnes, je n’ai pas approfondi ma merveilleuse maîtrise des langues étrangères (!), à part en me droguant de longues heures de séries en VOSTFR (mais ça ne compte pas paraît-il).

 

babbel-logo

 

Secrètement, j’ai pourtant toujours voulu apprendre une langue : celle de mes origines, celle qui ne m’a jamais été enseigné à l’école, celle que j’ai toujours entendu autour de moi mais qu’on a jamais pris la peine de m’enseigner (sinon je serais bilingue, ARGH !). L’italien… Il me suffit d’entendre les accents chantant de cette langue magnifique pour me sentir immédiatement chez moi. Et comme il n’existe à ce jour pas de sensation plus délicieuse que de se sentir chez soi (ou du moins, je n’ai pas encore trouvé ;)) et que je me suis promis de me foutre un coup de pied au cul pour réaliser au plus vite tous les rêves qui galopent dans mon esprit (du moins tous ceux qui n’exigent pas un vol en avion de 10 000 kilomètres), il m’a fallu trouver une solution… et VITE !

 

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Babbel, ça dit quoi ?

 

Tout a commencé avec une pub « Babbel » à la télé. Poussée par la curiosité (ce vilain défaut), j’ai décidé d’aller jeter un œil à ce site qui se vantait de pouvoir faire apprendre quasiment n’importe quelle langue… à n’importe qui ! Sur le papier, cela s’annonçait séduisant… mais l’était-ce vraiment ? Interactif et ludique (duo gagnant !), le site fait fort dès la page d’accueil en proposant directement un cours d’essai gratuit (ce qui est malin puisque cela donne forcément envie d’aller plus loin). Bien que cet essai se soit révélé concluant (rien de très compliqué évidemment pour ne pas décourager le chaland : « bonjour », « merci », « comment vas-tu ? »…), je ne me suis pas inscrite immédiatement. Les tarifs étaient pourtant attractifs (4,95 euros / mois pour un accès illimité aux cours, c’est clairement donné) mais je ne me sentais pas assez « aware » pour me lancer dans l’apprentissage d’une langue immédiatement (on ne se moque pas : un apprentissage, c’est toujours un saut dans l’inconnu !). J’ai donc laissé passer un peu de temps. Jusqu’à recevoir un jour un mail de Babbel me proposant une offre alléchante : 48 euros l’année pour avoir accès en illimité à l’ensemble des cours, de la grammaire, du vocabulaire et des révisions proposées par le site pour une langue choisie. Ne résistant pas plus longtemps, je me suis lancée dans la grande aventure Babbel pour commencer l’année en beauté (« anno nuovo, vita nuova ! » dit-on en italien : un signe sans doute ;)). Mais deux mois après le commencement, ça donne quoi niveau motivation et surtout niveau apprentissage ?! Débrief sur ce fameux Babbel qui fait tant parler de lui !

 

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Babbel, est-ce fastoche ?

 

Loin de moi l’idée de vous faire croire que vous pourrez devenir bilingue avec Babbel : je pense que je ne vous apprends rien, rien ne vaut le terrain pour approfondir ses connaissances en langues étrangères. Mais si comme moi vous rêvez d’apprendre une langue sans pouvoir pour autant vous offrir un aller simple pour Rome (et Florence aussi !), ce site reste clairement LA solution indiquée pour progresser sans prise de tête. Bien que je sois restée plutôt soft niveau originalité, Babbel ne propose pas seulement d’apprendre l’anglais, l’allemand ou l’espagnol. Si vous êtes du genre foufou et culotté, à vous l’indonésien, le danois ou même le turc ! Pas de discrimination, il y en a clairement pour tous les goûts. A peine inscrit, on a ensuite immédiatement accès à tous les cours et tous les exercices que l’on peut faire et refaire à l’envie et dans l’ordre qui nous plaît (même s’il est quand même plus commode de commencer par le début évidemment ;)).

 

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C‘est là que le gros point fort de la méthode Babbel ressort : apprendre en s’amusant. Le site est clair et intuitif. C’est beau, facile d’usage et extrêmement simple. Le concept est bien pensé : le but est de mémoriser en écoutant, en répétant et en écrivant le vocabulaire puis les tournures de phrases qui nous font face. L’utilisateur est aussi invité à associer les mots à des vignettes illustratives ou encore à compléter des dialogues. En clair, on mise sur le fun mais sans jamais faire l’impasse sur l’apprentissage ! Sans même s’en rendre compte, on retient ainsi un nombre impressionnant de mots et d’expressions. Impossible de se lasser de surcroît car les cours étudiés durent rarement plus de 10 minutes et sont extrêmement variés. Quand un thème est terminé, dire qu’on le connaît par cœur n’est donc pas peu dire ! On a alors accès à des fiches de révisions que l’on acquiert au fur et à mesure de l’apprentissage. On peut aussi suivre ses progrès grâce à un outil statistique et on a la possibilité de revenir sur ses erreurs autant de fois qu’on le veut, ce qui est plus que pratique pour progresser intelligemment. Petit à petit, on atteint le niveau B1 du Cadre européen commun de référence pour les langues sans même s’en rendre compte… Plutôt classe, non ?!

 

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Ok, on a compris : Babbel c’est chouette.
Mais est-ce rentable ?

 

En m’inscrivant sur le site, je dois bien avouer avoir eu un peu peur que mon envie d’apprendre ne soit qu’une lubie et que je me lasse vite, ayant bien peu de temps en dehors de mon travail à consacrer à des activités quelles qu’elles soient. Puis j’ai commencé le premier cours… et je n’ai plus jamais arrêté ! Si certains opteront pour le principe « d’un cours par jour », j’ai la chance de pouvoir pour ma part consacrer plusieurs heures par jour à la pratique de l’italien (contrairement à ce que je craignais : comme quoi on trouve toujours du temps quand ça nous intéresse… ;)), notamment grâce au site qui propose de synchroniser les cours (qui sont ainsi dispo sur ordinateur évidemment, mais aussi sur tablette et sur smartphone). Et c’est super easy à utiliser : dès l’inscription, on vous propose de télécharger l’application sur votre portable. Ça prend quelques secondes et hop ! Babbel est déjà dans votre poche. Résultat des courses, vous pouvez commencer un exercice sur votre PC avant de partir bosser et le poursuivre sur votre smartphone pendant la fameuse pause café ou en attendant le bus… What else ?! Pour ma part, au bout de deux mois d’utilisation, je peux déjà dire que les 48 euros dépensés pour l’année sont largement rentabilisés et je ne regrette pas du tout de m’être lancée ce fameux défi de nouvelle année ! J’enchaîne les cours à la vitesse de l’éclair, tant et si bien que Babel est devenu mon réflexe quotidien… Une lubie, vraiment ?!

 

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Et on progresse vraiment ?

 

Il est vrai que je ne me suis pas lancée dans l’aventure Babbel sans connaître un mot d’italien. Cette langue a toujours fait partie de mon environnement et même si je ne l’ai jamais parlé (à part enfant), je connaissais bien sûr déjà le minimum syndical avant de débuter. Je ne me permettrai donc pas de dire ce que peut ressentir un débutant à 100 % face à ce site. Il me semble toutefois suffisamment bien conçu pour que quiconque se lance dans la bataille, qu’on ait déjà pratiqué un peu ou pas le moins du monde. Pour ma part, j’ai constaté très rapidement des progrès. Au fur et à mesure des semaines, je me surprends à traduire dans ma tête en italien ce que je m’apprête à dire en français. Cela m’a permis de constater que mon vocabulaire s’agrandit nettement. Il m’arrive d’avoir des phrases qui s’imposent à moi durant la nuit ou encore au réveil (la faute à l’apprentissage intensif diurne !). Pour mettre toutes les chances de mon côté (soyons fous), j’écoute énormément de chansons en italien en prenant soin de chercher les paroles au préalable et de les éplucher. J’essaie aussi de regarder mes films préférés dans cette langue et même si le débit des Italiens est horriblement rapide (sérieusement : ralentissez les mecs !), je me surprends à comprendre leurs propos dans leur globalité. Et évidemment, la RAI est devenue ma chaîne d’information favorite ! Je couple mon apprentissage avec la méthode Assimil qui est également super efficace, mais davantage si vous souhaitez uniquement parler une langue (si comme moi vous souhaitez également pouvoir l’écrire, Babbel est alors un véritable plus). Pour résumé, je ne sais pas si je saurais un jour m’exprimer parfaitement en italien mais je trouve que c’est déjà un excellent début ! La simple idée de réussir à m’exprimer et à communiquer avec les habitants lors d’un futur voyage suffit à me ravir. Si vous souhaitez à votre tour vous lancer, n’hésitez plus : Babbel is good (Yes, I am bilingue !).

 

A dopo !
(A plus tard !)

 

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J’ai lu… « Complètement cramé ! » de Gilles Legardinier (et ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais !)

 

Hello mes petites chouquettes !

 

Je ne vous apprends rien je pense si je vous dis qu’un auteur dépasse parfois son œuvre. Depuis plusieurs mois déjà, un nom est dans la bouche de tous les lecteurs. On voit ses livres dans les vitrines de tout bon libraire qui se respecte. Dans le métro, le minois des gens disparaît derrière les couvertures (très improbables reconnaissables) de ses romans. D’ailleurs, je sais déjà que si je vous parle de quatre titres aux couvertures follement colorés où posent des chats dans des situations étranges et coquasses (si si, des chats, vraiment), vous aurez déjà son nom sur le bout de la langue (AVOUEZ !). Subitement, il est au carrefour de toutes les conversations. Contrairement à Voldemort, on ne fait que le nommer. Les blogueuses ne tarissent pas d’éloges sur lui et il se passe rarement une semaine sans que des chroniques apparaissent à son sujet. Puis un beau jour, des amis qui ne lisent même pas (!) vous harponnent comme si vous aviez commis un meurtre : « Mais comment, tu n’as pas encore lu les Gilles Legardinier ?! » (de toute évidence, il s’agit d’une cruelle infamie). Vous avez beau haussé les épaules avec dédain et lever les yeux au ciel en vous targuant « de ne pas suivre les modes » et « de lire ce que vous voulez d’abord », vous commencez à vous sentir de plus en plus à la ramasse, comme si vous passiez à côté DU truc du moment. La pression est trop forte. Tellement forte qu’on finit forcément par craquer… (comment ça je suis faible ?!).

 

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Par pur esprit de contradiction (comprendra qui pourra), je n’ai pas commencé par « Demain j’arrête » que tout le monde semblait pourtant avoir dévoré. A la place, je me suis jetée sur « Complètement cramé ! » sans même connaître une once de l’histoire et sans avoir lu une seule critique sur le sujet. Avez-vous déjà tenté de lire le livre d’un auteur dont on ne fait que parler sans rien en savoir vous-mêmes ? C’est une expérience flippante étonnante. Pour une raison dont j’ignore tout, je m’étais faite une idée totalement préconçue de l’écriture de Gilles Legardinier. Je ne sais pas si ce sont les couvertures de ses livres (qui semblent avoir été créées par quelqu’un qui tourne visiblement à l’acide ;)) qui m’ont induites en erreur mais j’étais persuadée de me trouver face à un roman léger, loufoque, hilarant… En un mot ? Complètement cramé ! J’ai découvert finalement une fresque superbe sur les relations humaines, un brin perchée en effet mais beaucoup plus profonde qu’on pourrait le croire de prime abord. Une belle découverte certes… Mais à mille lieues de ce à quoi je m’attendais !

 

« Complètement cramé ! »
Se plonger dans l’histoire

 

Andrew Blake se réveille un matin avec la sensation étouffante de passer à côté de sa vie. Chef d’entreprise anglais, l’homme qui a réussi brillamment sa carrière s’avère surtout très seul depuis le décès de sa femme et le départ de sa fille à l’autre bout du monde avec laquelle il n’a que peu de contact. Ayant le sentiment d’avoir perdu tour à tour tous ceux qui comptaient pour lui, il ne sait plus réellement quoi attendre de la vie. Avec l’aide de son meilleur ami, il quitte précipitamment la direction de son entreprise et se fait engager comme majordome au domaine de Beauvillier, en France, là où il avait rencontré sa défunte épouse. En cachant à tout le monde sa véritable identité, il espère ainsi pouvoir repartir à zéro. Mais il ne s’attendait certainement pas à y faire des rencontres aussi extraordinaires et hautes en couleurs : des rencontres qui pourraient fort bien changer la face de son monde… Entre Nathalie, sa patronne veuve et ses habitudes étranges, Odile, la cuisinière au caractère bien trempé, Manon, la jeune femme de ménage et ses problèmes de cœur brisé et enfin Philippe, le régisseur complètement toqué, Andrew va avoir fort à faire pour réunir tout ce petit monde qui travaille ensemble sans jamais vraiment entrer en contact. Lui qui cherchait un moyen d’en finir va finalement être obligé de tout recommencer à nouveau…

 

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« Complètement cramé ! »
Je me lance ou pas ?!

 

Avez-vous déjà imaginé ce que donnerait une Amélie Poulain version masculin ? Car c’est exactement le personnage qui s’est imposé dans mon esprit en lisant les aventures rocambolesques d’Andrew. A mes yeux, il n’est rien d’autre qu’une Amélie Poulain déguisée en majordome, ce qui donne un mélange sacrément exceptionnel ! Andrew est profondément bon : j’avoue qu’il est bien difficile de ne pas l’aimer. D’entrée de jeu, on s’identifie à lui car qui n’a jamais rêvé de tout quitter pour tout recommencer ailleurs ? (en mieux de préférence ;)) Lui trouve le courage de le faire : notre homme d’affaires quitte du jour au lendemain une situation jugée confortable pour bon nombre de personnes pour devenir majordome (et donc se mettre au service des autres). Tout part de ce dénuement extrême et plutôt « couillu » il faut le dire. Arrivé au domaine de Beauvillier, il est tout de suite confronté à des personnalités diverses, hautes en couleurs et pour le moins atypiques (une question me taraude : nous ressemblons vraiment à ça nous autres Français ?!). Mais il en faudrait plus pour décourager le personnage (au flegme très british !) qui se met en tête de trouver le meilleur dans toutes les personnes qui l’entourent et surtout de créer du lien, comme un magicien, partout où il passe. Et ça marche ! Ce roman fleure bon l’optimisme et la générosité : si vous avez perdu toute foi en l’être humain, lisez-le sur le champ ;)) Il m’a fait penser au merveilleux « Ensemble c’est tout » d’Anna Gavalda. Tout comme chez elle, on retrouve des personnages uniques et un peu fous, un peu perdus, errant chacun de leur côté de la vie. Jusqu’à ce qu’un miracle les réunisse et les ressuscite…

 

Sur cette base, « Complètement cramé » est une vraie bouffée d’air frais. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’aventure mais une fois que l’on fait connaissance avec les héros, difficile de les quitter ! Pourquoi ? Car ils sont terriblement humains. Plein de défauts, de petites failles, de sensibilité qui nous les rend très familiers. Ils nous ressemblent beaucoup. Même si, comme signalé plus haut, je n’ai pas trouvé le livre désopilant, certaines scènes sont de véritables petites pépites. J’ai effectivement souri de tendresse une bonne partie de ma lecture pour ces personnages qui en ont tous bavé d’une manière ou d’une autre et qui méritent plus que tout d’être heureux. Certaines situations virent à l’ubuesque et il est vrai qu’on y croit difficilement. Mais qu’importe : tout est toujours très bon enfant ! L’écriture de Gilles Legardinier a en plus cette chance d’être très agréable. Les chapitres sont courts mais surtout, l’alternance entre les quelques « gags » et les scènes plus graves, plus émouvantes aussi, est particulièrement bien dosée. Moi qui m’attendait à tort à un roman particulièrement humoristique, ce ne sont pas du tout les scènes rigolotes qui m’auront séduite finalement.

 

Ce qui m’a le plus bouleversé tient surtout dans la partie plus philosophique du livre. Au-delà des bons sentiments bien présents, certains passages sont réellement empreints de beauté et de profondeur. Malgré des côtés espiègles invétérés, Andrew Blake est surtout un vieux sage déguisé en bonne fée. Son vécu et son recul, ses souvenirs émouvants en font quelqu’un de très éclairé au sujet de la nature humaine. Sa grande humanité, son regard toujours neuf sur les gens qui l’entourent le rendent particulièrement émouvant. Au delà de l’histoire « gentillette », il apporte donc une réelle réflexion sur la vie et sur ce qu’elle nous apprend. Et surtout sur ces décisions qui peuvent la faire basculer, nous rendre heureux si on le veut vraiment ou nous plonger dans le désespoir. C’est plein de bon sens et de maturité. Si j’avais eu un grand-père, j’aurais voulu qu’il ressemble à Andrew. Quelqu’un de toujours positif et qui a suffisamment vécu pour vous rappeler qu’il ne sert strictement à rien de se pourrir la vie pour des broutilles. « Complètement cramé » sonne finalement comme une belle leçon de vie. On peut parfois penser que le meilleur est derrière nous puis rencontrer les personnes ou vivre l’événement qui changera tout. Encore faut-il bien ouvrir les yeux (et le cœur) pour être prêt à reconnaître ces personnes et à apprendre d’eux. Car tout est dans le partage finalement. Et à quoi servirait une vie seul dans son coin, en tête à tête avec nous-mêmes ? Alors aimons nous mes frères et sœurs car il n’y a que ça de vrai ! (AMEN)

 

En résumé, je peux le dire maintenant : « MAIS COMMENT ÇA TU N’AS PAS LU LES GILLES LEGARDINIER ?! TU DOIS LIRE LES GILLES LEGARDINIER ! ». Surtout si :

– vous souffrez de dépression ou faîtes une overdose au genre humain
– vous aimez les romans feel good et avez besoin d’un petit coup de fouet pour pimper votre moral en cette presque fin d’hiver
l’optimisme à la louche ne vous fait pas peur (attention, effet indésirable : vous rendre compte que la vie est mille fois mieux dans les livres dès la fin de votre lecture…). Vous voilà prévenus… ;))

 

« Chacun est seul à un moment ou à un autre.
Le tout, c’est de retrouver le chemin vers les autres, si c’est possible… »

 

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