J’ai lu… « Complètement cramé ! » de Gilles Legardinier (et ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais !)

 

Hello mes petites chouquettes !

 

Je ne vous apprends rien je pense si je vous dis qu’un auteur dépasse parfois son œuvre. Depuis plusieurs mois déjà, un nom est dans la bouche de tous les lecteurs. On voit ses livres dans les vitrines de tout bon libraire qui se respecte. Dans le métro, le minois des gens disparaît derrière les couvertures (très improbables reconnaissables) de ses romans. D’ailleurs, je sais déjà que si je vous parle de quatre titres aux couvertures follement colorés où posent des chats dans des situations étranges et coquasses (si si, des chats, vraiment), vous aurez déjà son nom sur le bout de la langue (AVOUEZ !). Subitement, il est au carrefour de toutes les conversations. Contrairement à Voldemort, on ne fait que le nommer. Les blogueuses ne tarissent pas d’éloges sur lui et il se passe rarement une semaine sans que des chroniques apparaissent à son sujet. Puis un beau jour, des amis qui ne lisent même pas (!) vous harponnent comme si vous aviez commis un meurtre : « Mais comment, tu n’as pas encore lu les Gilles Legardinier ?! » (de toute évidence, il s’agit d’une cruelle infamie). Vous avez beau haussé les épaules avec dédain et lever les yeux au ciel en vous targuant « de ne pas suivre les modes » et « de lire ce que vous voulez d’abord », vous commencez à vous sentir de plus en plus à la ramasse, comme si vous passiez à côté DU truc du moment. La pression est trop forte. Tellement forte qu’on finit forcément par craquer… (comment ça je suis faible ?!).

 

titres-gilles-lagardinier

 

Par pur esprit de contradiction (comprendra qui pourra), je n’ai pas commencé par « Demain j’arrête » que tout le monde semblait pourtant avoir dévoré. A la place, je me suis jetée sur « Complètement cramé ! » sans même connaître une once de l’histoire et sans avoir lu une seule critique sur le sujet. Avez-vous déjà tenté de lire le livre d’un auteur dont on ne fait que parler sans rien en savoir vous-mêmes ? C’est une expérience flippante étonnante. Pour une raison dont j’ignore tout, je m’étais faite une idée totalement préconçue de l’écriture de Gilles Legardinier. Je ne sais pas si ce sont les couvertures de ses livres (qui semblent avoir été créées par quelqu’un qui tourne visiblement à l’acide ;)) qui m’ont induites en erreur mais j’étais persuadée de me trouver face à un roman léger, loufoque, hilarant… En un mot ? Complètement cramé ! J’ai découvert finalement une fresque superbe sur les relations humaines, un brin perchée en effet mais beaucoup plus profonde qu’on pourrait le croire de prime abord. Une belle découverte certes… Mais à mille lieues de ce à quoi je m’attendais !

 

« Complètement cramé ! »
Se plonger dans l’histoire

 

Andrew Blake se réveille un matin avec la sensation étouffante de passer à côté de sa vie. Chef d’entreprise anglais, l’homme qui a réussi brillamment sa carrière s’avère surtout très seul depuis le décès de sa femme et le départ de sa fille à l’autre bout du monde avec laquelle il n’a que peu de contact. Ayant le sentiment d’avoir perdu tour à tour tous ceux qui comptaient pour lui, il ne sait plus réellement quoi attendre de la vie. Avec l’aide de son meilleur ami, il quitte précipitamment la direction de son entreprise et se fait engager comme majordome au domaine de Beauvillier, en France, là où il avait rencontré sa défunte épouse. En cachant à tout le monde sa véritable identité, il espère ainsi pouvoir repartir à zéro. Mais il ne s’attendait certainement pas à y faire des rencontres aussi extraordinaires et hautes en couleurs : des rencontres qui pourraient fort bien changer la face de son monde… Entre Nathalie, sa patronne veuve et ses habitudes étranges, Odile, la cuisinière au caractère bien trempé, Manon, la jeune femme de ménage et ses problèmes de cœur brisé et enfin Philippe, le régisseur complètement toqué, Andrew va avoir fort à faire pour réunir tout ce petit monde qui travaille ensemble sans jamais vraiment entrer en contact. Lui qui cherchait un moyen d’en finir va finalement être obligé de tout recommencer à nouveau…

 

completement-crame-gilles-legardinier-couverture

 

« Complètement cramé ! »
Je me lance ou pas ?!

 

Avez-vous déjà imaginé ce que donnerait une Amélie Poulain version masculin ? Car c’est exactement le personnage qui s’est imposé dans mon esprit en lisant les aventures rocambolesques d’Andrew. A mes yeux, il n’est rien d’autre qu’une Amélie Poulain déguisée en majordome, ce qui donne un mélange sacrément exceptionnel ! Andrew est profondément bon : j’avoue qu’il est bien difficile de ne pas l’aimer. D’entrée de jeu, on s’identifie à lui car qui n’a jamais rêvé de tout quitter pour tout recommencer ailleurs ? (en mieux de préférence ;)) Lui trouve le courage de le faire : notre homme d’affaires quitte du jour au lendemain une situation jugée confortable pour bon nombre de personnes pour devenir majordome (et donc se mettre au service des autres). Tout part de ce dénuement extrême et plutôt « couillu » il faut le dire. Arrivé au domaine de Beauvillier, il est tout de suite confronté à des personnalités diverses, hautes en couleurs et pour le moins atypiques (une question me taraude : nous ressemblons vraiment à ça nous autres Français ?!). Mais il en faudrait plus pour décourager le personnage (au flegme très british !) qui se met en tête de trouver le meilleur dans toutes les personnes qui l’entourent et surtout de créer du lien, comme un magicien, partout où il passe. Et ça marche ! Ce roman fleure bon l’optimisme et la générosité : si vous avez perdu toute foi en l’être humain, lisez-le sur le champ ;)) Il m’a fait penser au merveilleux « Ensemble c’est tout » d’Anna Gavalda. Tout comme chez elle, on retrouve des personnages uniques et un peu fous, un peu perdus, errant chacun de leur côté de la vie. Jusqu’à ce qu’un miracle les réunisse et les ressuscite…

 

Sur cette base, « Complètement cramé » est une vraie bouffée d’air frais. J’ai eu un peu de mal à rentrer dans l’aventure mais une fois que l’on fait connaissance avec les héros, difficile de les quitter ! Pourquoi ? Car ils sont terriblement humains. Plein de défauts, de petites failles, de sensibilité qui nous les rend très familiers. Ils nous ressemblent beaucoup. Même si, comme signalé plus haut, je n’ai pas trouvé le livre désopilant, certaines scènes sont de véritables petites pépites. J’ai effectivement souri de tendresse une bonne partie de ma lecture pour ces personnages qui en ont tous bavé d’une manière ou d’une autre et qui méritent plus que tout d’être heureux. Certaines situations virent à l’ubuesque et il est vrai qu’on y croit difficilement. Mais qu’importe : tout est toujours très bon enfant ! L’écriture de Gilles Legardinier a en plus cette chance d’être très agréable. Les chapitres sont courts mais surtout, l’alternance entre les quelques « gags » et les scènes plus graves, plus émouvantes aussi, est particulièrement bien dosée. Moi qui m’attendait à tort à un roman particulièrement humoristique, ce ne sont pas du tout les scènes rigolotes qui m’auront séduite finalement.

 

Ce qui m’a le plus bouleversé tient surtout dans la partie plus philosophique du livre. Au-delà des bons sentiments bien présents, certains passages sont réellement empreints de beauté et de profondeur. Malgré des côtés espiègles invétérés, Andrew Blake est surtout un vieux sage déguisé en bonne fée. Son vécu et son recul, ses souvenirs émouvants en font quelqu’un de très éclairé au sujet de la nature humaine. Sa grande humanité, son regard toujours neuf sur les gens qui l’entourent le rendent particulièrement émouvant. Au delà de l’histoire « gentillette », il apporte donc une réelle réflexion sur la vie et sur ce qu’elle nous apprend. Et surtout sur ces décisions qui peuvent la faire basculer, nous rendre heureux si on le veut vraiment ou nous plonger dans le désespoir. C’est plein de bon sens et de maturité. Si j’avais eu un grand-père, j’aurais voulu qu’il ressemble à Andrew. Quelqu’un de toujours positif et qui a suffisamment vécu pour vous rappeler qu’il ne sert strictement à rien de se pourrir la vie pour des broutilles. « Complètement cramé » sonne finalement comme une belle leçon de vie. On peut parfois penser que le meilleur est derrière nous puis rencontrer les personnes ou vivre l’événement qui changera tout. Encore faut-il bien ouvrir les yeux (et le cœur) pour être prêt à reconnaître ces personnes et à apprendre d’eux. Car tout est dans le partage finalement. Et à quoi servirait une vie seul dans son coin, en tête à tête avec nous-mêmes ? Alors aimons nous mes frères et sœurs car il n’y a que ça de vrai ! (AMEN)

 

En résumé, je peux le dire maintenant : « MAIS COMMENT ÇA TU N’AS PAS LU LES GILLES LEGARDINIER ?! TU DOIS LIRE LES GILLES LEGARDINIER ! ». Surtout si :

– vous souffrez de dépression ou faîtes une overdose au genre humain
– vous aimez les romans feel good et avez besoin d’un petit coup de fouet pour pimper votre moral en cette presque fin d’hiver
l’optimisme à la louche ne vous fait pas peur (attention, effet indésirable : vous rendre compte que la vie est mille fois mieux dans les livres dès la fin de votre lecture…). Vous voilà prévenus… ;))

 

« Chacun est seul à un moment ou à un autre.
Le tout, c’est de retrouver le chemin vers les autres, si c’est possible… »

 

life-is-so-different-from-books

12 réflexions sur “J’ai lu… « Complètement cramé ! » de Gilles Legardinier (et ce n’était pas du tout ce à quoi je m’attendais !)

  1. Yes preum’s encore ! Alors moi, j’ai acheté le jaune et on m’a prêté les autres. Ce livre sera ma prochaine lecture. J’ai aimé son univers déjanté (« Ca peut pas rater » est mon préféré jusqu’à présent) alors je vais tenter mais comme prévu, je retourne à John Green voir s’il y a mieux que « Nos étoiles contraires ». Bisous ma Pan !

    • Presque preum’s ma No, je n’avais pas encore validé le message d’Aurély mais tu t’es faite doubler pour une fois 🙂 J’ai bien hâte de connaître ton avis sur le John Green si tu te décides à le chroniquer à la fin de ta lecture !! Oui Gilles Legardinier a vraiment un univers sympathique. Il faudra que je lise « Demain j’arrête » qui semble avoir plu à tout le monde sans exception. Je te fais de gros bisous !

  2. Qui n’en a pas entendu parler ma belle! J’avoue qu’à plusieurs reprises j’ai eu envie de m’y mettre et puis non, j’ai abandonné l’idée. Mais ta jolie critique (il faut bien l’avouer tes chroniques livresques sont à tomber) m’a bien donné envie de commender un de ces livres. Lequel? Au choix peut-être, histoire de plonger les deux pieds dans l’inconnu. Ca a du bon parfois, la preuve.
    Merci et douce journée à toi.
    Marie

    • Ma Marie ❤ Je suis tellement contente que mes chroniques livres te plaisent ! J'ai toujours peur qu'elles n'intéressent pas grand monde mais je suis chaque fois très étonnée des retours positifs. Et il est vrai que je prends beaucoup de plaisir à les écrire à chaque fois (et c'est sans doute ce qui compte, pas vrai ? <3). Plonger les deux pieds dans l'inconnu, c'est tout simplement ce que je préfère lorsque je me jette à corps perdu dans un roman… Je te souhaite de passer un moment très savoureux en compagnie du prochain livre que tu ouvriras, une vraie coupure avec le quotidien le temps d'une lecture… Ça fait parfois tant de bien ! Je t'embrasse très fort ma toute belle !

  3. Que ta chronique fait du bien !! Voilà exactement le livre qu’il me faut : une bouffée d’optimisme en ces temps un peu compliqués question relations humaines justement – que ce monde est cruel….- bref, j’ai besoin de rire, de me détendre et de rencontrer ce Andrew vite, vite !! J’ai lu « Demain j’arrête » que j’avais absolument adoré et puis j’avais jeté mon dévolu sur d’autres livres me disant qu’il fallait que je remette la main sur Legardinier, un jour… Voilà venu le moment et ta très belle chronique est tellement convaincante 🙂 Demain, je l’achète!! Gros bisous et à bientôt ♥♥♥

    • Ma Aude, comme tu es mignonne de me dire toutes ces belles choses ! J’espère de tout coeur que depuis que tu m’as laissé ce message, tu as réussi à trouver du réconfort et à retrouver foi en l’espèce humaine, que ce soit en te plongeant dans un bon livre ou tout simplement dans la vie de tous les jours ! ♥ ♥ ♥ Je t’envoie un petit mail très vite pour prendre plus de nouvelles et papoter plus tranquillement avec toi. En tout cas merci pour tes jolis mots et à très bientôt ma belle :)) Je t’embrasse.

    • On est d’accord ma Di-Day ! J’ai aussi en ma possession « Demain j’arrête » et il paraît qu’il est si drôle qu’il faut que je me lance. J’attends juste d’être bien déprimée histoire d’avoir un bon dérivatif sous la main 😀 ahah ! Plein de gros bisous.

  4. Je l’ai lu à sa sortie et l’avais vraiment conseillé alors que je lisais peu de comédie à l’époque (maintenant aussi en même temps^^) : Pour le coup l’humour et l’humanité font bon ménage, le dosage est bon entre le réel et le romanesque un peu potache. Et surtout, ce qui m’a fait du bien c’est ce que tu décris comme ça : « Andrew Blake est surtout un vieux sage déguisé en bonne fée. Son vécu et son recul, ses souvenirs émouvants en font quelqu’un de très éclairé au sujet de la nature humaine. Sa grande humanité, son regard toujours neuf sur les gens qui l’entourent le rendent particulièrement émouvant.  »
    Bref un concentré de bonne humeur sans prise de tête !

    Par contre, « demain j’arrête » que j’ai lu après pour revivre ça est moins bon, plus cliché et surtout moins original.

    Mais ce n’est que mon avis, il a été encensé comme tu le sais sûrement ;D

  5. Je suis moins conquis que toi pour ce roman. Il faut dire que je ne suis pas fan de ce type de lecture (trop de bons sentiments sans doute), et ce cas ne fait pas exception. Tant pis.

Laisser un commentaire